« Son œil c'est la nation en miniature » nous dit Dieudonné Niangouna. Ou plus sûrement Martillimi Lopez, dictateur d'un pays africain, possiblement le Mobutu que l'auteur Sony Labou Tansi a subi comme dirigeant dans son Congo natal. Machin la hernie est l'histoire d'une excroissance, le délire démoniaque lié à l'exercice illimité du pouvoir. Pris dans sa paranoïa, le personnage qu'incarne le comédien (co-invité d'honneur d'Avignon 2013) éructe mais pas seulement. Il furète aussi dans les allées de la salle au début. Il sait transmettre cette parole hautement littéraire mais il l'incarne aussi profondément car il est question de corps autant que de mots.
Face au public, derrière un pupitre, il fait l'apologie de la démocratie, mais une démocratie malade, corrompue, vidée de sa substance. Au fur et à mesure du déroulé, des éléments filmiques alimentent ce culte de la personnalité. Mais l'image n'est pas fidèle conseillère : les vidéos semblent avoir été tournées en 25 images secondes, vont plus vite que nécessaire et déraillent. Ces sauts-là ont tout du vorace qui régurgiterait sa propre bile.
Ce dont témoigne l'auteur servi par Niangouna dirigé par Jan-Paul Delore - qui tisse inlassablement des liens avec l'Afrique – est la folie meurtrière que seul l'art peut, un temps au moins, cautériser par un spectacle qui, comme celui-ci, va crescendo dans la densité et la maîtrise.
Machin la hernie
Au TNG-Les Ateliers jusqu'au 18 mai