Quelque part, dans le sud. Mère célibataire d'Elli, qu'elle appelle Gueule d'ange, Marlène tient pour prioritaires sa vie de jeune femme et ses sorties. Un soir, elle prolonge la fête avec un type et laisse sa gamine de 8 ans seule, pour une durée indéterminée. Elli dissimule son absence. Et boit.
Gueule d'ange est l'exemple parfait du film avec lequel on peut jouer au bingo : sur la foi de l'affiche et du synopsis, le public peut préparer un carton et cocher les clichés dès qu'ils traversent le champ. Rôle social “de composition“ avec mèches blondes et tenue de cagole, taillé pour un festival/une nomination au César : bingo, Cotillard. Référent masculin revêche au premier abord, cachant sa tendresse sous une (et même plusieurs) blessures intimes et vivant dans une caravane : gagné, Alban Lenoir ! Gamine-à-z'yeux-bleus-pleine-de-bravitude-grave-dévastée-à-l'intérieur-alors-elle-picole : meilleur espoir pour Ayline Aksoy-Etaix. Décor de station balnéaire avec fête foraine intégrée (pour le côté “ces adultes qui n'ont jamais grandi“) : carton plein !
En suresthétisant la misère sociale et la carence affective, Vanessa Filho perd en sincérité âpre ce qu'elle gagne en maniérisme convenu. Et que dire de son omniprésente bande originale, qui surligne jusqu'à la nausée la moindre image ! Seule la reprise splendide de Sans toi, extraite de Cléo de 5 à 7 (1962), en fin de film parvient à donner des frissons authentiques. Dommage, parce que la scène de mariage en ouverture, très malaisante, laissait espérer mieux qu'un empilement de réchauffé.