Drame / de Christopher Radcliff & Lauren Wolkstein (É-U, 1h21) avec Alex Pettyfer, James Freedson-Jackson, Emily Althaus...
Nick est adulte, Sam un pré-ado ; tous deux font la route ensemble, se présentant comme des frères. Mais le sont-ils vraiment ? Et pourquoi sillonnent-ils la campagne américaine, dormant dans des motels ou à la belle étoile ?
Ce road movie étrange joue la carte de la suggestion et du proto-fantastique, entre narration elliptique et linéarité contrariée. The Strange Ones est en effet balafré d'analepses et de prolepses, comme pour dissimuler avec la plus grande ostentation possible — c'est-à-dire lui donner davantage d'écho lors de sa révélation — son drame matriciel.
En maniant l'allusif, en accentuant sans raison apparente certains aspects du réel (notamment en composant avec l'insondable étrangeté de la nature) mais aussi en pratiquant cette forme de récit “déconstruite“ plus proche de la spirale que de la ligne droite, Radcliff & Wolkstein font naître une forme d'angoisse diffuse. Une atmosphère rappelant les climats oppressants de Blue Velvet (1986) quand David Lynch demeurait à la lisière du bizarre sans totalement basculer. Film mental, film à énigme(s), The Strange Ones en est sans doute un lointain parent dont la particularité est de se résoudre en une dimension parallèle, extérieure à l'écran : dans l'esprit des spectateurs.