Thriller politique / de Park Chan-wook (Cor du S, 1h50) avec Lee Byung-hun, Song Kang-ho, Lee Young-ae...
Un incident a éclaté à un poste frontière entre les deux Corées : on compte des morts chez les soldats du Nord, des blessés côté Sud. Pour éviter un envenimement diplomatique, une mission neutre est chargée d'instruire l'affaire. L'Helvète Sophie Jean, d'origine coréenne, enquête...
Bonheur sans nom que de découvrir sur grand écran — et en version restaurée, merci La Rabbia — ce film inédit en salle de Park Chan-wook, dont le cinéma n'a été diffusé en France qu'à partir de Sympathy for Mr Vengeance (2003) ! La providence, toujours facétieuse, fait coïncider cette résurrection avec une actualité géopolitique des plus brûlantes : le rapprochement entre Pyongyang et Séoul, indépendamment d'un certain trublion semblant désireux d'allumer une autre mèche que celle ornant son chef orangé. Car JSA s'avère tout autant un manifeste de l'art virtuose de Park qu'un acte fort — visionnaire, même, puisqu'il date de 2000 ! — dans la démarche de normalisation entre le nord et le sud du 38e parallèle : il raconte la complicité de soldats issus de ce deux pays officiellement en guerre. Ce genre d'audace tient de l'exploit, y compris chez nous où Les Sentiers de la gloire fut censuré par le pouvoir gaulliste (ben alors, Malraux ?) et il fallut attendre 2005 pour qu'un cinéaste français, Christian Carion traite dans Joyeux Noël des fraternisations de 14-18.
Sur ce substrat humaniste, Park tisse une histoire aux savants entrelacs, insérant des plans d'une gymnastique estomaquante et surtout un flash back donnant toute sa profondeur dramatique à ce récit d'une profonde amitié scellée par le sang. Il est à ce propos amusant de noter que celui qui se fera connaître par la suite avec une trilogie de revanchards célèbre ici paradoxalement le jusqu'au-boutisme de l'entente. Brillant dans sa construction, JSA l'est jusqu'à son dénouement qui apporte en une seule image une myriade de réponses. Une claque.