Les bons plans de la semaine #2 / Un rallye des gones pour amateurs de scooters et de culture mod, du foot, du tennis, Morcheeba, de la musique traditionnelle indienne dans un parc, et surtout, surtout, de la glace bien fraîche : voici nos bons plans de la semaine.
Lundi 9 juillet - théâtre
Se mettre dans la peau de l'Autre
« S'il y avait la guerre aujourd'hui en France, où iriez-vous ? » nous dit-elle, Anne de Boissy, comédienne majeure. En jouant le texte de la Danoise Janne Teller, Guerre : et si ça vous arrivait ?, qui est adapté au pays dans lequel il est traduit, elle nous confronte à l'inversion de la question des réfugiés et à la violence avec laquelle ils sont reçus dans leur exil, la mésentente aussi entre différents naufragés et les interminables attentes en camps. C'est simple, direct et émouvant.
Au Clos Carret (4e) dans le cadre de Tout le monde dehors à 18h
Mardi 10 juillet - food
Acheter ses glaces fraîches, au marché
C'est le retour du camion de glaces. Il ne sillonne pas les rues, mais les événements (bientôt le Printemps de Pérouges) et toute l'année les marchés de Monplaisir, le mardi et du quai Saint Antoine, le mercredi. On peut venir y chercher ses bacs : 500ml à partager à la maison. Au volant on retrouve Agathe et François, couple pâtissier ayant porté ses talents de Paris (Fauchon, Patrick Roger) à NYC (Ducasse, ABC Kitchen). Leur production est faite d'ingrédients frais et locaux : le lait bio de la GAEC du Thicaud, les fruits et légumes de producteurs isérois, le café torréfié de chez Mokxa... Et respecte les saisons : « on ne vendra pas de sorbet aux fruits rouges en hiver », à fin d'éducation et pour des raisons gustatives. En ce moment, parmi la douzaine de parfums dans le camion : une addictive glace à la fleur d'oranger aux éclats d'amandes caramélisées et miel ou un sorbet pêche-abricot-graine de courge. On goûta celui à la fraise, avec le sentiment qu'il venait d'être cueilli.
Page, glaces et gâteaux, à traquer sur les marchés (8, 50€ le bac)
Mercredi 11 juillet - cinéma
Un chien de sa chienne : Dogman
Toiletteur pour chiens dans une cité délabrée, Marcello la bonne pâte devient le larbin d'une brute toxicomane terrorisant le quartier, Simoncino, lequel ne manque pas une occasion d'abuser de sa gentillesse. Mais après une trahison humiliante de trop, le frêle Marcello réclame son dû...
« Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie » Blaise Pascal pressentait-il le décor de Dogman en rédigeant ses Pensées ? Vaste étendue ouverte sur une non moins interminable mer, cette scène rappelle l'agora de Reality, ce microcosme dans lequel une kyrielle de drames peut éclore et se jouer aux yeux de tous ; chacun étant libre d'ouvrir ou de fermer les yeux sur ce qui se déroule sous ses fenêtres.
Et de se claquemurer dans une passivité complice, surtout, quand un fou furieux a fait du secteur son espace de jeu. Mettre au ban l'une de ses victimes, la plus inoffensive (en l'occurence le serviable Marcello) tient de la pensée magique ou de l'exorcisme : en se rangeant implicitement du côté du bourreau, on espère soi-même être épargné. Personne n'imagine que Marcello a contracté le syndrome de l'élastique, et que sa patience sans cesse distendue, peut rompre avec fracas.
Garrone n'est jamais aussi bon que lorsqu'il resserre ses drames sur de braves gens pris dans les mâchoires de la fatalité — dans son tentaculaire (et un peu foutraque) Gomorra, c'est ainsi le destin du couturier Pasquale qui suscitait le plus de compassion. Son bouleversant Marcello est un nouveau héros à la dignité bafouée, un vengeur solitaire et rédempteur se chargeant des péchés de ses semblables. Pour autant, et malgré son amour des animaux, il n'a rien d'un nouveau Saint-François d'Assise ; peut-être est-il le seul à avoir conservé un peu d'innocence. Mais hélas l'innocence finit toujours par se corrompre au contact de la réalité. Amer...
Un film de Matteo Garrone (It, int. -12 ans, 1h42) avec Marcello Fonte, Edoardo Pesce, Alida Baldari Calabria...
Jeudi 12 juillet - sono mondiale
Virée en Inde
Menacé, pour cause de baisse de subvention, mais pas coulé : les Jeudis des Musiques du Monde orchestrés par le CMTRA montrent cette année encore leur pertinence par une sélection de concerts thématiques épatants, comblant le gros manque de sono mondiale durant l'année lyonnaise. Ce soir, direction l'Inde et ses vapeurs envoûtantes en compagnie du Amrat Hussain Brothers Trio, composé par trois frères : Amrat Hussain, of course (tabla et percussion), Teepu Khan (tabla) et Sanjay Khan (chant, harmonium, castagnettes). Suivra Nirmāan, création frenchy rock avec une chanteuse indienne.
Au Jardin des Chartreux à 20h ; prix libre
Vendredi 13 juillet - trip-folk
Morcheeba en finale
En ces temps de finale – nous sommes à deux jours de celle de Wimbledon et de la Coupe du Monde – voici venir celui (au masculin) de Jazz à Vienne après quinze jours de festival. Sont qualifiés, outre Dhafer Youssef et Electro Deluxe, Sofiane Saidi & Mazalda, ce phare du trip-folk qu'est toujours Morcheeba – même passé en duo et même les émanations du trip-hop un peu passées de mode – sur les ailes notamment de la voix inégalable de la fantastique Skye Edwards.
Au Théâtre Antique de Vienne
Samedi 14 juillet - scooter addicts
Bal mod
Le scooter club lyonnais organise durant trois jours la 5e édition de son Rallye des Gones, à Sathonay-Village : rassemblement de près de 400 passionnés de scooters vintage (Vespa et Lambretta, c'est évident, mais aussi Bernardet ou Peugeot) venus de Londres, Barcelone ou d'ici pour comparer leurs rétroviseurs... En prime, food et concerts avec en ce samedi soir les punks de la Croix-Rousse The Scaners, l'effeuilleuse Miss Glitter Painkiller et des DJ's pour pousser tard dans la nuit au son de la soul, du rock et du reggae vintage. Impeccable.
À Sathonay-Village dès 10h
Dimanche 15 juillet - finales de Wimbledon et de la Coupe du Monde de foot
Oh les Champions !
Temple de la rigueur (plus que du charme) british, Wimbledon sera le stade du sacre de ce génie tant sportif qu'artistique qu'est Federer. Malin comme un singe, l'athlète n'est pas assez fou, à quasi 37 ans, pour aller se faire balayer de fond de court sur terre battue par un Nadal épuisant à regarder jouer à Roland. Depuis il a gagné Stuttgart, été finaliste à Halle. L'herbe sied si bien à celui qui a poussé la beauté du geste à un sommet indépassable. À l'autre bout de l'Europe, du côté de la Coupe du Monde, la Mannschaft renvoyée, l'Espagne martyrisée, CR7 humilié, l'équipe de France ressuscitée contre un Messi crucifié, le Brésil toujours au bord de la crise de larmes et un tableau final déséquilibré comme jamais, à l'heure d'écrire ses lignes, il se pourrait bien que l'on assiste à l'une des Coupes du Monde les plus ouvertes de l'Histoire. Entre potion magique russe, révélation du talent offensif des Belges, succession de coups de reins mexicains et supériorité technique d'une Croatie certes un peu crâmée, on pourrait voir naître un champion du monde inédit. Et plus encore si la Suisse, toujours teigneuse et souvent injouable, la joue comme le Fed'. Allez savoir si l'été ne sera pas Helvète.
À Londres, Moscou et sur son canapé