Chronique / de Fellipe Barbosa & Clara Linhart (Bré, 1h28) avec Itala Nandi, Camila Morgado, Augusto Madeira...
Dimanche 1er janvier 2003. La vieille et acariâtre Laura rejoint les siens dans la demeure familiale pour célébrer la nouvelle année. Pendant que cette bourgeoisie fin de race festoie, les employés de maison suivent dans les coulisses l'investiture du nouveau président élu par le peuple, Lula...
Domingo ressemble à une version contemporaine et brésilienne de La Règle du jeu ou de Gosford Park : une peinture corrosive de ces “grandes familles“ vivant dans l'aveuglement de leur propre déliquescence, à l'approche d'un changement de société majeur. Si les notables n'en ont aucune perception, endormis qu'ils sont par les reliquats de leurs privilèges féodaux, le nez dans la drogue et le pantalon en bas des chevilles, au royaume des domestiques en revanche, tout indique qu'une révolution se prépare. Mais aura-t-elle vraiment lieu ?
On pardonnera à Linhart et Barbosa leur petite entorse à la vérité historique — le 1er janvier 2003 était un mercredi et non un dimanche — mais la tentation était grande de fusionner dimanche, jour de l'an, férié et d'investiture ; autrement dit, des dates d'exception durant lesquelles on ne saurait travailler et encore moins être exploité. Tourné avec quinze ans de recul, et sortant au moment d'un nouveau scrutin présidentiel au Brésil qui pourrait voir le succès de l'extrême-droite, Domingo prend une saveur encore plus amère. Il se conclut d'ailleurs par une apostille d'un pessimisme définitif, rappelant Le Guépard : « il faut que tout change pour que rien ne change ».