Documentaire / De Almudena Carracedo & Robert Bahar (Esp, 1h35)
Une loi d'amnistie générale des crimes commis pendant la période franquiste ayant été votée dans la foulée de la mort du dictateur, la justice espagnole n'a pas eu la possibilité de poursuivre les tortionnaires du régime. Mais de même que Pinochet avait été mis en accusation en Espagne, un groupe de victimes, de descendants de disparus, de parents dont les enfants furent volés a déposé plainte devant les tribunaux argentins, qui ont jugé l'affaire recevable. Ce documentaire produit par Pedro Almodóvar relate leur longue procédure, toujours en cours...
Une piqûre de rappel aux mémoires défaillantes ainsi qu'aux jeunes générations : une nation qui banalise ou oblitère les crimes d'une dictature au nom de la réconciliation s'expose à des contre-coups violents : résurgence de la haine et impossibilité pour les victimes de tourner la page. C'est justement ce qui se passe en Espagne où l'ombre du franquisme a continué à planer. Résultat ? Le parlement andalou vient d'accueillir ses premiers élus d'extrême-droite et certaines personnes n'ont toujours pas pu se reconstruire, quarante ans après. L'une d'elle explique bien son besoin non d'une vengeance — puisqu'elle pardonne à l'individu-tortionnaire — mais d'une justice qui condamne les ordres donnés à l'époque. Espérons que la loi d'amnistie finira par être abrogée : mieux vaut crever un abcès que voir un pays emporté par la septicémie.