Biopic / De Jon S. Baird (É-U, 1h37) avec Steve Coogan, John C. Reilly, Nina Arianda...
Londres, 1953. Après une dizaine d'années de retrait, le duo Laurel & Hardy se reforme sur scène pour une tournée anglaise, en attendant un hypothétique nouveau tournage. Mais les comiques sont passés de mode, Hardy mal en point, le public peu nombreux. Il leur faudrait un miracle...
Depuis quelques mois, John C. Reilly semble avoir pris activement en mains le cours de sa carrière. Second rôle de prestige, il n'a jamais pu briser le plafond de verre le séparant des premiers plans à la Tom Hanks que son visage de carlin pourrait lui valoir ; apprécié par la profession depuis des lustres, il lui manque encore l'onction publique et l'aura individuelle d'un grand prix — en forme de statuette, de préférence.
Après avoir eu la bonne idée d'inciter Jacques Audiard à adapter Les Frères Sisters — et à lui réserver au passage l'un des chevaux —, le voici dans un de ces emplois à transformation physique dont l'Académie des Oscar raffole ; d'autant que le personnage est mourant. Hélas pour Reilly, si ses volumineuses prothèses jouent bien et la reconstitution d'époque fait dans le soigné, le scénario se contente quant à lui du minimum syndical : il suit la ligne poussive d'une déchéance pathétique de clowns tristes, à peine éclairée par un ultime succès, évidemment siphonné par l'éternel producteur-escroc et assombrie par la maladie d'Hardy. Alors oui, il y a aussi une évocation de la complicité (et la complémentarité) du duo, de leurs passifs mutuels, mais que de formatage ! Que de prévisibilité ! En somme, une totale absence d'intérêt devant un livre d'images soporifique n'ajoutant rien à la (vieille) gloire de Laurel & Hardy...