Documentaire / De Ian Bonhôte & Peter Ettedgui (G-B, 1h51)
Né dans une famille populaire de Londres sous le prénom de Lee, apprenti couturier précocement reconnu comme génie, Alexandre McQueen aura été un météore au tournant du XXIe, consumé par ses démons intérieurs et l'objet de son amour, la mode.
Autorisée par la famille du couturier — ses parents s'y expriment et ont confié de précieux documents — cette biographie documentaire construite à partir d'archives complétées d'entretiens récents, suivant la chronologie, a des airs de conte de fées rosses et féroce, ou d'une chronique d'un drame annoncé : chaque chapitre n'est-il pas frappé de l'emblème fétiche de McQueen, le crâne, symbole de vanité évocateur d'une inéluctable mort ?
On y suit donc l'ascension d'un enfant plus que doué, mais introverti et tourmenté par son apparence peu avenante. Côté clair, le talent et le succès ; face sombre : la pression d'un nombre exponentiel de collections à sortir chaque année, le surmenage, la drogue et la solitude. Autant de petites violences fragilisant le créateur, le précipitant chacune plus profondément dans les abîmes de la dépression, l'ultime étant la mort de sa mère, la veille de son propre suicide. Preuve qu'il n'y a pas que les mannequins à finir dévorés par cette industrie dissimulant mal sa tyrannie mercantile sous ses oripeaux éthérés.
À la fois sobre (comme l'est son titre) et élégamment ornementé, cet hommage sincère qui sait ne pas se montrer aveuglément dévot au défunt, peut enfin se voir comme une grande rétrospective de son œuvre ; comme une exposition en mouvement, où la vie se joue de la mort...