Hip-Hop / Rhino fusionne les frontières derrière ses boîtes à rythmes : sa base hip-hop old school est actualisée par des influences jazz, blues, électro. Considéré comme l'un des meilleurs performeurs du continent, il sort son nouvel EP The Leopard Dilemma, sur Galant Records le 26 avril. Sa release party aura lieu lors d'une nocturne de Peinture Fraîche.
Tu as grandi entre l'Allemagne, l'Angleterre et la France. Dans quel environnement as-tu évolué ?
Rhino : J'ai habité en Allemagne de mes 8 à 18 ans, une période où on construit son goût et son identité musicale. La scène hip-hop était en train d'exploser. C'était encore au niveau des années 80 aux États-Unis : des influences jazz et soul, beaucoup d'énergie et pas encore le hip-hop qui parle d'argent. J'ai donc été influencé par cette musique positive et culturelle. De plus, j'étais dans une école internationale avec près de 63 nationalités, où mes amis venaient de pays différents (Japon, Portugal, États-Unis, Italie...). Ils arrivaient tous avec le son de leur pays. Je me suis imprégné de ces nombreuses influences musicales. En parallèle mon père écoutait Portishead, Moby, The Prodigy.
Quels sont tes premiers amours musicaux ?
Le premier CD que j'ai acheté était de Notorious B.I.G, puis The Fugees. Après ça, j'écoutais en boucle A Tribe Called Quest et De La Soul.
Comment es-tu arrivé dans l'univers des boîtes à rythmes ?
Un ami DJ de mon grand frère m'a passé une mixtape de l'un de ses DJ sets. J'avais douze ans, et ça m'a directement donné envie. À mes 13 ans, j'ai reçu mes premières platines. J'étais alors déjà ami avec un MC de mon groupe ASM. On a tout de suite commencé à faire des morceaux, lui en posant, moi en mixant. J'ai vite réalisé que si on voulait monter un groupe, je devais devenir beatmaker - pas juste être un DJ. J'ai vu qu'il existait des boîtes à rythmes : les MPC d'Akai. J'ai vendu une mixtape à l'école et je me suis acheté ma première machine avec l'argent récolté.
Que souhaites-tu insuffler dans ton nouvel EP, The Leopard Dilemma ? On y retrouve des sonorités jazz et asiatiques.
Quand j'ai commencé, j'étais très tourné vers l'électro. Avec cet EP, je retourne à mes racines hip-hop. Surtout avec les samples, qui viennent du blues et du gospel. C'est aussi pour ça que je l'ai intitulé ainsi : l'expression anglaise du “dilemme du léopard”, parce qu'il ne pourra jamais changer ses tâches. Avec Rhino j'ai changé de label, mon agence de tournée, c'est un nouveau projet avec un nouveau nom mais au final je reste ce que je suis, avec le hip-hop et les boîtes à rythmes. Le hip-hop que j'écoute est à la fois old school avec des influences nouvelles, des moments trap ou jazz. Je ne voulais pas faire une musique parce qu'elle est à la mode ou doit passer à la radio. À un moment, j'étais en contact avec une major qui voulait que je fasse du Major Lazer ou du DJ Snake. Je ne veux pas changer. Concernant les influences asiatiques, je débutais avec Chinese Man et en parallèle je lisais un livre qui m'a inspiré le titre éponyme pour Gaijins. Je suis influencé par l'ancienne culture asiatique. J'écoutais des instruments traditionnels et c'est la raison pour laquelle j'ai choisi ce sample.
Quel processus de création as-tu mis en place sur tes collaborations ?
J'avais des idées précises avec ASM. On voulait être tous réunis sur un son. Pareil sur Dream. On avait fait trois concerts ensemble et c'était la suite logique d'aller en studio. J'avais en tête d'avoir les deux MC's sur cette instru que je créais. What U Gonna Do à l'inverse était très spontané. On l'a fait en une journée. Sinon globalement, je sais d'emblée où je veux aller. Je ne suis pas le type de beatmaker qui lance cinquante instrus et laisse le MC choisir. J'en envoie souvent un seul, car j'ai mon idée.
Où pourra-t'on te retrouver dans les prochains mois ?
Sur pas mal de tournées, tant pour Rhino qu'ASM en septembre. Je vais sortir de nouvelles vidéos en tant que Rhino, pour illustrer mon EP. Plein de choses arrivent maintenant que j'ai signé sur Galant Records et Chinese Man, deux des plus gros labels indépendants en France.
Rhino and guests : Jeff Spec et Madame Bert
À la Halle Debourg dans le cadre des nocturnes de Peinture Fraîche le vendredi 10 mai à 18h