Jean Rouch, revisité par Justine Lequette

Jean Rouch, revisité par Justine Lequette
J'abandonne une partie de moi que j'adapte

Théâtre de la Croix-Rousse

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Sens Interdits / Sens Interdits commence ce 16 octobre. Zoom sur l'un des spectacles forts du festival, J'abandonne une partie de moi que j'adapte, créé par une jeune troupe belge.

Ce sont des artistes d'aujourd'hui, la trentaine à peine sonnée, mais c'est d'un documentaire de 1961 qu'ils s'inspirent, celui de Jean Rouch et Edgar Morin, Chronique d'un été. Ils cherchent même à reproduire des scènes de façon la plus fidèle possible. Le cinéaste-anthropologue et le sociologue interrogeaient les passants sur leur vision du bonheur ; Justine Lequette, la metteuse en scène et porteuse de cette création, s'en empare tant les réponses faites par les anonymes du film résonnent encore aujourd'hui.

Il y est question de la routine du quotidien, des astreintes à se lever toujours à la même heure pour effectuer les mêmes trajets, du fait qu'il « va falloir accepter les emplois précaires car c'est toujours mieux que le chômage ». Les Trente Glorieuses ne disaient pas encore leur fin mais déjà les citoyens la voyaient poindre. De même que l'évaluation de toute chose, même du moins quantifiable en pourcentage, telle cette jeune femme qui se considère « attirante à 62% ». Mai 68 était encore une fiction mais les dysfonctionnements sociétaux apparaissaient dans ce recueil de témoignages.

Comment vivez-vous ?

Sur le plateau les quatre comédiens, une femme et trois hommes, portent vestimentairement les 60's sur les épaules sans pour autant être déguisés. Ce ton légèrement suranné ne "guignolise" pas le propos mais le rend attendrissant, de même que la ritournelle de Françoise Hardy, Le Premier jour du bonheur. Le décor, très concret, reproduit différents espaces intérieurs et ancre le propos dans le réel. Car tous portent un spectacle qui, sous des atours légers et ludiques, se révèle très politique à l'instar de la formation qu'ils ont suivi ensemble au Conservatoire Royal de Liège.

À l'ESACT, nous confiait l'an dernier Justine Lequette, « la question du théâtre est liée à celle de la singularité des artistes et leur nécessité face à l'état du monde. » Alors qu'elle avait entamé des études de droit et a même exercé deux ans dans ce vaste domaine, elle a finalement choisi le théâtre pour exercer une forme de résistance avant bientôt de se confronter à Pasolini.

J'abandonne une partie de moi que j'adapte
Au Théâtre de la Croix-Rousse (dans le cadre de Sens Interdits) les mardi 22 et mercredi 23 octobre

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