Jazz / Ce n'est pas si courant dans nos contrées : trois pointures du jazz se succèdent en quelques jours dans les salles lyonnaises, avec Ibrahim Maalouf, Louis Sclavis et Herbie Hancock.
Ibrahim Maalouf
Du jazz à la Halle Tony Garnier ? Rare sensation, mais il faut bien avouer que le parcours d'Ibrahim Maalouf est peu commun. Le trompettiste depuis longtemps ferraille dans les chemins de traverse, puisant dans les musiques latines et la pop mainstream d'autres pistes pour nourrir ses inspirations, pour aller plus loin que la figure déjà respectée qu'il aurait pu incarner, celle d'un descendant de Miles, de Jon Hassell et d'Erik Truffaz. Le Libanais, modèle d'ouverture et de subtilité, que l'on a pu voir au petit matin dans un studio de télévision après onze heures d'avion improviser avec Sami Pageaux-Waro une mélopée tirant des larmes à la maquilleuse en plateau, est capable d'initier des moments d'émotion intenses dans quasi toutes les configurations, et l'on ne doute pas que le gigantisme de cette salle ne soit même pas un obstacle pour celui qui fût récompensé en 2017 d'un César pour sa musique du film Dans les forêts de Sibérie. Depuis son premier album en 2007, le neveu d'Amin Maalouf n'a ainsi cessé de défricher de nouveaux territoires, allant chercher un auditoire loin d'être acquis au jazz pour le ramener dans son giron, du moins l'initier, à l'instar de S3ns, dernier album en date très accessible, pas forcément renversant, mais là n'est pas l'enjeu : Ibrahim Maalouf est avant tout un passeur.
À la Halle Tony Garnier le dimanche 27 octobre
Louis Sclavis
Le régional de l'étape fait deux haltes à cocher sur vos agendas : une première au Périscope, en mode quartet, la seconde avec un lascar de moins à l'Opéra Underground. En ce second spot, le clarinnetiste défendra sa sortie de 2017 sur le très culte label ECM, Asian Fields Variations. Accompagné d'une paire déjà présente sur le disque, Dominique Pifarély au violon et Vincent Courtois au violoncelle, l'ancien du Workshop de Lyon développe-là des ambiances évanescentes, sans batterie, toutes en douceur façon musique de chambre, où l'épure et la contemplation sont maîtresses d'une cérémonie en clair-obscur. Au Périscope, retour dans l'actualité la plus fraîche puisque Sclavis défendra dans cette salle dédiée au jazz son tout dernier album Characters on a Wall, petite merveille élaborée autour du travail du plasticien et précurseur du street art qu'est Ernest Pignon-Ernest, et enregistré avec Benjamin Moussay (piano), Sarah Murcia (contrebasse) et Christophe Lavergne (batterie) qui l'accompagneront également pour ce show.
Au Périscope le vendredi 18 octobre
À l'Opéra Underground le samedi 26 octobre
Herbie Hancock
Un mastodonte. Comment résumer la carrière d'un tel musicien ? Herbie Hancock, on lui doit quelques-uns des meilleurs disques de Miles Davis. Mais aussi l'explosion grand public du hip-hop, puisque les scratchs du clip de son Rock It par Grand Master DXT ont initié une vague sans précédent de vocations de DJs... On doit aussi au natif de Chicago une réserve inépuisable de samples (un seul exemple : US3 se faisant un nom grâce à Cantaloupe Island) et une liste de collaborations assez rare, allant de Wayne Shorter à Ron Carter. Et la bande originale de Blow-up, d'Antonioni. Des groupes mythiques, comme Headhunters. Une période encore plus expérimentale avec Bill Laswell, et même, ne l'oublions pas en plein Festival Lumière, un César de la meilleure musique de film (lui aussi) pour une œuvre de Bertrand Tavernier, Autour de minuit. C'est une légende qui s'avance à l'Auditorium, pas si rare par ici mais accompagné d'un tout nouveau groupe, et chacune des venues du pianiste est à honorer.
À l'Auditorium le samedi 2 novembre