Drame / Hangzhou, Chine. Dans un restaurant, la doyenne d'une famille célèbre son anniversaire, avec le protocole et le respect dus à son rang. Ses descendants mettent en sourdine leurs querelles — d'argent, principalement. Ce sont eux que l'on va suivre, dans ce pays en mutation...
Feng Xiaogang (I Am Not Madame Bovary), Dong Yue (Une pluie sans fin), Ho Wi-ding (Face à la nuit), Jia Zhangke (Les Éternels) et maintenant Gu Xiaogang... Les cinéastes chinois contemporains ne craignent plus, dans tous les sens du terme, d'évoquer la récente évolution économique de leur pays ni les spectaculaires conséquences urbanistiques et/ou sociétales en découlant. Bouleversant les paysages à vitesse grand V, autant que ceux qui les habitent, ces chamboulements s'accompagnent de placements et de corruption ; leurs erratiques issues aiguisent les tensions entre les frères déjà avivées par l'obligation morale de s'occuper à tour de rôle de la doyenne. Gu Xiaogang montre la fracturation de la famille, le poids des traditions, les difficultés de la jeunesse pour s'émanciper de ce carcan, en donnant un nécessaire temps au temps. Quitte à proposer d'insensés plans-séquences replaçant les personnages, poussières minuscules, au bord d'un fleuve éternel, inchangé et toujours recommencé.
À l'issue du film, un carton annonce que ce Séjour... constitue le premier volet d'une trilogie. Excitante promesse ! On ignore encore quels protagonistes Gu Xiaogang choisira pour poursuivre son voyage narratif, qui se revendique davantage comme un tableau ou un instantané embrassant une foultitude de détails d'une époque, plutôt qu'un récit bourgeonnant de rebondissements. Mais on est d'ores et déjà prêt à embarquer dans ces futures jonques...
Séjour dans les monts Fuchun
Un film de Gu Xiaogang (Chi, 2h30) avec Qian Youfa, Wang Fengjuan, Zhang Renliang...