Quarante-cinq photographies d'Oumar Ly, portraitiste sénégalais décédé en 2016, s'exposent à la galerie Regard Sud. À l'instar de Malick Sidibé, il avait ouvert son studio photographique dans lequel il tirait le portrait de ses compatriotes, mais à la différence du Malien, Oumar Ly ne capturait pas l'effervescence d'une jeunesse citadine. C'est au milieu de la brousse, de ses villages et dans la petite ville fluviale de Podor que le photographe saisissait les portraits de Sénégalais contraints de posséder une photographie d'identité en raison d'un recensement. Au milieu des cases en terre et en chaume, un jeune homme pose fièrement près d'un palmier et nous laisse entrevoir l'attrait des jeunes pour la mode occidentale et pour ses tendances vestimentaires, comme ici avec une chemise nouée qui révèle une partie de l'abdomen et ce surprenant pantalon pattes d'eph à motifs. De purs produits de la mode glamour et hippie des seventies qui nous montrent que même au milieu de la brousse, le style a toute son importance. Ces images forment un fabuleux corpus documentaire. Le génie d'Oumar Ly découle notamment de sa capacité à capturer le hors champs, tout ce qui sera rogné : le quotidien, l'insignifiant, le banal. Il ne capturait pas seulement des visages, mais l'âme de la région de Podor.
article publi-rédactionnels