Comédie dramatique / À Yokohama, les jeunes Noriko et Michiko décident de suivre l'enseignement prodigué par Madame Takeda : le rituel de la cérémonie du thé. Une tradition codifiée, gravée dans le marbre du temps que Noriko respectera durant des décennies et qui va étonnamment guider sa vie...
La regrettée Kirin Kiki semblait faire dans ses dernières années grand cas des questions de transmission de culture gastronomique : n'était-elle pas dépositaire des secrets des dorayaki — ces savoureux gâteaux à la pâte de haricot rouge — dans Les Délices de Tokyo (2014) ? Tenant à la fois du marqueur social et de la symbolique de l'attachement à l'identité nippone dans ce qu'elle a de plus profond, le rite culturel de la préparation du thé est aussi une leçon de philosophie appliquée : comment une activité aussi anodine en apparence, presque triviale dans sa répétition, peut-elle remplir une existence au point de l'épanouir ? Justement parce que celles qui s'y consacrent atteignent à une forme de perfection, de grâce absolue, d'oubli d'elles-mêmes par la dévotion suprême à leur art. Au fond, ce n'est pas tant la liturgie du thé qui est enseignée, mais l'accomplissement de l'effacement et la transmission de ce savoir.
Tatsushi Ōmori illustre dans sa mise en scène et la diversité des intentions qu'il donne à chaque cérémonie du thé, l'infini variété des possibles ainsi que l'incessant renouvellement de ce qui s'apparente à une représentation de spectacle vivant. Posé, comique, apaisé, grave, empreint d'émotion... Si les gestes sont identiques, les saisons et les participantes évoluent, contribuant à l'unicité de l'instant et de l'infusion. Ouvrage délicat, Dans un jardin qu'on dirait éternel est un poème célébrant l'essence d'une utopie et la saveur d'un idéal. Qui refuserait d'y goûter ?
Dans un jardin qu'on dirait éternel
Un film de Tatsushi Ōmori (Jap, 1h40) avec Haru Kuroki, Mikako Tabe, Kiki Kirin...