Art Contemporain / La Galerie Ceysson & Bénétière revient sur les débuts artistiques de la toute jeune ORLAN, avec un accrochage de photographies de très grand format.
Née à Saint-Étienne en 1947, la jeune Mireille Porte (qui prendra, plus tard, comme nom d'artiste ORLAN en majuscules) fréquente les bars de la ville avec sa bande de copains, fait du théâtre, de la danse moderne, des arts plastiques, écrit... Elle s'aventurera brièvement à l'École des Beaux-Arts avant de fuir en courant les carcans de l'école, ayant très vite pris conscience qu'elle voulait avant tout « sortir du cadre », échapper aux normes. Tout son travail se construira, peu à peu, sur cette idée d'émancipation et de remise en question : il s'agit pour ORLAN de construire sa propre identité singulière, et se libérer des identités imposées par le genre, la classe sociale, le faciès, la discipline corporelle...
À Saint-Étienne en 1965
Au milieu des années 1960, dans la France empesée de De Gaulle, l'artiste en devenir mène la vie de bohème à Saint-Étienne, avec ses potes artistes. Dans son autobiographie récemment parue (ORLAN Strip-tease. Tout sur ma vie, tout sur mon art, Gallimard), elle écrit : « À cette époque, j'avais un immense atelier de passementier... Sur une énorme table recouverte de draps, j'ai créé mes premières photographies vintage, toutes les œuvres de Corps-sculptures que je faisais photographier par mon amant.e ou mon ami.e du moment depuis la mezzanine et souvent en utilisant moi-même le retardateur de mon appareil photo. J'avais un Polaroid pour décider et préciser les poses que je prenais. »
L'essentiel de l'exposition d'ORLAN à Lyon est constitué d'agrandissements de ces images vintage à une échelle 1 ou presque. On y (re)découvre tout ce que l'artiste, encore mineure, a pu puiser dans la danse (contorsions de son corps), le théâtre (jeux avec un masque), l'histoire de l'art (relectures de l'Odalisque d'Ingres et du Nu descendant les escaliers de Marcel Duchamp)... Le corps est une matière libre pour ORLAN, à réinventer joyeusement et avec, souvent, beaucoup d'humour. L'exposition est complétée par des séries d'images des années 1990 (hybridations de son visage avec des figures d'art précolombien), et quelques tentatives de peinture géométrique méconnues de l'artiste.
ORLAN telle qu'en elle m'aime
À la Galerie Ceysson & Bénétière jusqu'au 15 janvier 2022