Exaltant le théâtre de la rampe aux tréfonds des coulisses et des têtes d'affiches aux plus obscures accessoiristes, scindé comme une pièce en deux époques séparées par un entracte, s'ouvrant (et se refermant) sur un rideau de scène, Les Enfants du Paradis (1945) s'avère, paradoxalement, l'une des plus grandioses déclarations d'amour jamais effectuées au 7e Art — en même temps que son plus somptueux cadeau d'anniversaire pour un demi-siècle d'existence.
Écrit et tourné dans l'atmosphère oppressante de l'Occupation, qui contraignit notamment Alexandre Trauner et Joseph Kosma à travailler dans la clandestinité et l'ensemble de la production à jongler avec des restrictions permanentes, ce film célèbre dans le moindre de ses plans, le plus infime de ses dialogues, la victoire de la poésie. Et la conjonction d'une étourdissante liste d'artistes et techniciens hissant leurs talents au plus haut degré d'excellence. Le découvrir en copie restaurée (sur grand écran !) ajoute à sa magie.
Quand en hiver la séance débute à 16h30, c'est certes à la nuit tombée que l'on s'en retourne, mais avec la certitude d'avoir accompli un incomparable voyage. À voir et revoir les 26 et 30 décembre et le 19 janvier à l'Institut Lumière.