En salles / Mercredi, jour de sorties en salles : voici nos conseils cinéphiles pour cette semaine du 16 mars.
À voir
★★★☆☆ Notre-Dame brûle
15 avril 2019. Le président de la République s'apprête à livrer son bilan du Grand Débat National. Il n'en fera rien : un gigantesque incendie éclate en la cathédrale Notre-Dame de Paris, et se propage, profitant d'une incroyable (et malheureuse) chaîne de circonstances...
Un tel fait d'actualité “brûlante“ ne pouvait laisser le cinéma indifférent et se devait d'inspirer a minima un documentaire centré sur l'intervention périlleuse des pompiers ou un film épique à grand spectacle. Usant d'images d'archives comme de reconstitution méticuleuse dramatisant le récit et s'imbriquant en permanence les unes dans les autres, Notre-Dame brûle se situe à l'intersection des deux genres. Il permet, en outre, à Jean-Jacques Annaud de renouer avec ces fresques internationales aussi grandioses que réputées inracontables — mais lorsque le cinéaste s'entoure de scénaristes tels que Gérard Brach ou, ici, Thomas Bidegain, plus rien n'est impossible. Cette relecture d'un “moment“ historique lui donne même l'occasion de renouer avec l'esprit corrosif de ses débuts — à l'époque de La Victoire en chantant et de Coup de tête — lorsqu'il intègre des personnalités politiques dans le fil du récit : quelle que soit la manière dont elles sont représentées (Anne Hidalgo dans son propre rôle constatant qu'il y a de la fumée ; Emmanuel Macron, via des incrustations, que les pompiers envoient sur un PC miroir pour éviter de l'avoir dans leurs pattes ; Donald Trump, joué par un sosie, conseillant par tweet d'asperger la cathédrale au Canadair), toutes apparaissent à côté de la plaque et dépassées. Reste un thriller efficace qui finit bien.
Un film de de Jean-Jacques Annaud (Fr, 1h39) avec Samuel Labarthe, Jean-Paul Bordes, Mikaël Chirinian... (sortie le 16 mars)
À la rigueur
★★☆☆☆ Funambules
Ils sont quelques-uns à vivre dans un monde décalé par rapport à la “norme“, un monde où ils ont trouvé une forme d'équilibre qui ne les fait pas trop souffrir mais qui inquiète tout de même leur entourage. Ilan Klipper les filme dans leur quotidien, leurs rituels, en adoptant pour chacune et chacun une écriture ou une esthétique visuelle idoine. L'effet kaléidoscopique est, certes, opérant mais le manque de contextualisation peut égarer franchement un spectateur peu familier des questions de handicap — or tout le problème est de permettre une meilleure perméabilité entre des mondes disjoints.
À noter en complément de programme un court-métrage du même Klipper interprété par feu le chanteur Christophe dans le rôle d'un vieux musicien solitaire plus ou moins sous curatelle, borborygmant des syllabes décousues pour manifester son refus d'avoir affaire au personnel hospitalier. Il forme comme un sas entre Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête (son long précédent) et Funambules, dessinant un portait global de la perte de phase avec la réalité, allant de la fiction métaphorique au documentaire de création.
Un documentaire Ilan Klipper (Fr, 1h15) avec Aube Martin, Marcus, Camille Chamoux... (sortie le 16 mars)