Goïko et Chikin Bang s'installent rue Neuve

La séquence est toujours aussi instable pour le monde la restauration. On l'a vu : avec l'inflation des additions, la pénurie de main d'œuvre, il y a de moins en moins d'ouvertures aventureuses. Jouer la sécurité, c'est semble-t-il miser sur l'emplacement, le débit, la hype. Notez ainsi le succès d'un restaurant comme Carmelo (du groupe Big Mamma), qui ne s'est pas démenti malgré les crises, si l'on en juge par la file d'attente permanente s'étendant dans la rue Neuve. Un dîner y est plus une "expérience" qu'un must culinaire (on a sur ce point été plutôt déçu lors de nos dernières visites). C'est la déco baroque et somptueuse, l'accent italien du personnel, les pâtes roulées en live dans la meule de pecorino — ça en jette, ça s'instagramme. Voici donc la tendance : on ne vient pas au resto pour manger, mais pour vivre une histoire et la partager (sur les réseaux). Carmelo semble par ailleurs avoir créé une synergie, puisque deux autres restaurants "à concepts" viennent d'ouvrir coup sur coup, juste à côté. 

Le premier se nomme Chikin Bang. Il propose de la street food coréenne, comme déjà à la Part-Dieu, mais à travers cette fois une immersion dans une rue de Séoul : les tables sont au milieu de fausses devantures d'échoppes, éclairées de néons colorés, certains suspendus à un véritable lampadaire, les murs sont tapissés de posters de boys/girls bands. Si on se réfère à la com' du restaurant, c'est d'ailleurs une expérience multisensorielle : de l'odeur du poulet frit au son de la K-pop. La carte a été élaborée par Yoon Hyeok, un jeune chef qui bosse au Plaza Athénée. On y a puisé un bap, un bol de riz surmonté de diverses crudités — ici servies "nature", donc un peu tristes — comme des carottes, du chou rouge, du maïs et de l'oignon rouge (c'est dur, l'oignon cru...) accompagnant du tofu ou du poulet frit avec la fameuse sauce au piment coréen. La volaille est l'autre star du lieu, qui propose des wings roulés dans des saveurs différentes. Notons aussi les corndogs, encore un truc frit, cette fois une saucisse plantée sur un pic. En dessert, on se contentera de glace pilée ou de mochi industriels. L'enseigne compte développer son univers (qui est, il est vrai, plutôt réussi) en se transformant en chaîne. 

Le côté un peu obscène du burger

Et puisque l'on parle de chaîne : juste en face de Chikin Bang vient d'ouvrir une franchise Goiko. C'est un peu le PNY (chaine de burger haut-de-gamme qui a atterri cette année rue Mercière) espagnol. Ici, il n'y a pas de mise en scène exotique, mais plutôt une volonté, tant dans la déco (design contemporain et métropolitain soigné) que dans le service, de mettre en valeur le burger, à la fois en le sortant de l'ornière McDo, tout en évitant les ennuyeuses versions "de chef" (les sempiternels burgers à la tomme et au charolais).

Ceci étant dit, comment est-il possible d'encore se démarquer en la matière ? Ici, il semble y avoir deux partis-pris : proposer des recette originales et exploser sans crainte le compteur calorique. Ce n'est pas la provenance des ingrédients qui est mise en avant, mais vraiment la quantité, le gras, le sucre, le côté un peu obscène du burger. On a jeté notre dévolu sur l'une de leurs recettes phares, la Olé, élue "meilleur burger du Paris Burger Week 2021". On a ici un pain très flex, plein d'air, assez sucré, qui accueille un épais steak de bœuf, surmonté de fromage, et c'est-là "l'originalité", qui est lui-même mêlé à des poireaux et.. frit. L'ensemble est surmonté d'oignons confits qui rajoutent une dose non négligeable de sucre. L'ensemble dégouline dans tous les sens — ce qui est apparemment attendu puisqu'un rince-doigt est proposé avant d'attaquer le dessert, un mélange de brownie dégoulinant (encore!), de cookie et de.. glace vanille. Ouch !

Chikin Bang
12 rue Neuve, Lyon 1^er
Tous les jours de 11h30 à 22h (22h30 vendredi et samedi)
Le Veggie bap est à 13.50€

Goiko
7 rue Neuve, Lyon 1^er
Tous les jours de midi à 15h30 et de 18h à 22h45 (23h vendredi et samedi)
La Olé burger est à 13.90€