C'est une série en cours déjà passée aux Nuits de Fourvière l'an dernier (à l'ENSATT) dans le cadre de la place faite aux lauréats du prix Impatience, couronnant chaque année l'émergence théâtrale à Paris — The Jewish Hour a été distinguée en 2020. Il faut dire que le travail de Yuval Rozman, Israélien « exilé culturel » en France depuis dix ans, tant il est difficile de mener des projets libres dans son pays, est déroutant, intelligent et drôle.
Deuxième épisode d'une trilogie transformée en quadrilogie, ce spectacle prend la forme d'une émission de radio qui dérape (avec ses rubriques, ses pubs, ses plages musicales et ses jeux pour gagner... une barmitsva !), l'éponyme Jewish Hour. La vénération de la judéité tient lieu de seule conduite jusqu'à inviter un sportif, juif, dont la présentatrice ne sait rien ou un BHL adoré, caricaturé puis assassiné !
Yuval Rozman s'est beaucoup documenté, mais fabrique une fiction avec ses trois comédiens déchainés et pointe aussi, via ce grand barnum, l'antisémitisme de la France, pays d'où partent le plus d'émigrés pour Israël chaque année. Hommage à la grand-mère de Rozman qui dit avoir survécu dans le camp d'Auschwitz par l'humour, cette heure de spectacle implacable dans sa distinction des notions juives et israéliennes se termine par une sorte de long poème trash sur fond de chanson pour la paix, le Shir Iashalom. Vivement la suite.
The Jewish Hour
Au Théâtre de la Croix-Rousse du mercredi 3 au vendredi 5 mai