De l'eau au feu sacré : l'asso Les Lavandières redonne vie au Lavoir Public

Reprise / Après avoir vu passer des générations d'usagers venus laver leur linge ou se détendre aux bains-douches, le Lavoir public (re)devient – cette fois-ci sous l'impulsion des Lavandières — un lieu de rencontre et de création. 

Nichée au sommet des Pentes de la Croix-Rousse, à l'angle de l'impasse Flesselles et du passage Prunelle, cette ancienne bâtisse en béton a vu passer des générations d'usagers venus laver leur linge ou se détendre aux bains-douches depuis son ouverture en 1934. Fermé dans les années 1980, puis ressuscité en 2012 par Olivier Rey et Julien Ribeiro avec Le Club Théâtre au Lavoir Public, ce lieu atypique avait d'abord renoué avec l'art, accueillant concerts, pièces de théâtre, et événements multiculturels avant de refermer ses portes en 2020. Ensuite, en 2021, l'association Le Lavoir au Public avait pris le relais, proposant résidences d'artistes et projets axés sur l'inclusion des minorités jusqu'à l'été 2023. 

Aujourd'hui, c'est au tour des Lavandières de reprendre ce flambeau. Composée de Charlotte Piechon, Cyril Masson, Joséphine Bargas et Baptiste Vildrac, l'association souhaite offrir au Lavoir Public une nouvelle identité, tout en conservant "l'essence" du lieu. Charlotte Piechon, cofondatrice de la compagnie de théâtre pluridisciplinaire Les Dévorants, prend en charge la programmation artistique. Elle tient à préciser : « Nous ne voulons pas faire du Lavoir Public le lieu des Dévorants. Ce n'est pas un espace pour l'entre-soi. Nous voulons éviter cette logique, et garder ce lieu ouvert à toutes les formes d'art et à tous les publics. »

Cela ne veut pas dire que Les Dévorants seront absents de la programmation. Certains de leurs spectacles, rythmant la semaine dédiée au cabaret, seront présentés au Lavoir Public. Cependant ils seront intégrés dans une offre artistique beaucoup plus large.

Un lieu plein d'histoire et de caractère

Le Lavoir Public n'est pas un théâtre comme les autres. Son architecture bifrontale, avec une scène visible de chaque côté, en fait un espace unique pour les artistes. Cyril Masson, chargé de la communication et du pôle vidéo, détaille : « Ce lieu atypique nous a tout de suite attirés. Il offre une proximité rare entre le public et les artistes ». Avec une capacité d'accueil de 46 places assises et jusqu'à 99 personnes debout, le Lavoir est intime, chaleureux, presque confidentiel, mais ouvert à toutes les idées.

Les Lavandières comptent bien jouer avec cet espace si singulier. Déjà, la programmation s'annonce foisonnante. « Notre volonté est de décloisonner les pratiques artistiques. Nous voulons traiter chaque proposition sur un pied d'égalité, qu'il s'agisse de spectacles décalés ou de pièces plus classiques » précise Charlotte Piechon. 

Art émergent et lien social

L'association souhaite accueillir des artistes émergents tout en ouvrant ses portes aux habitants. La diversité des propositions est au cœur du projet, à l'image de la pièce Juliette de la compagnie Le Bistanclac, une sorte de Roméo et Juliette revisité sauce punk — et sans Juliette, ou du comique et burlesque Maringouin de Romane Brandeis, un spectacle qui aborde la question de l'anxiété. Mais il y aura aussi des ateliers pour le jeune public, des spectacles clownesques comme La Grimace de Victor Bratovic, et des résidences artistiques tournées vers l'expérimentation. 

Loin de se cantonner au monde artistique, Les Lavandières veulent tisser des liens forts avec le tissu local. « Nous ne cherchons pas à prêcher à des convaincus. Au contraire, nous souhaitons créer des moments chaleureux où chacun peut se retrouver, qu'il soit artiste, habitant, ou simplement curieux », explique Charlotte Piechon. Ils misent donc sur des événements inclusifs, des discussions autour des questions de société, et des collaborations avec des partenaires locaux comme l'Aquarium Ciné Café, le Social Palace ou encore le Conservatoire de Lyon. 

Un projet porté par la solidarité

La situation reste cependant délicate. L'association n'a pas reçu de subventions cette année, ayant manqué la date limite de dépôt. Elle reste cependant déterminée à poursuivre ses actions. « Nous faisons avec les moyens du bord, la billetterie, le bar avec des produits locaux, et un financement participatif qui a très bien fonctionné », raconte Cyril Masson. Grâce à ce crowdfunding, ils ont récolté 6 400 euros, preuve que le projet suscite l'enthousiasme, notamment chez les nostalgiques des premières années du Lavoir Public. « On ressent un vrai engouement de la part des anciens habitués. Ils nous soutiennent dans cette nouvelle aventure » ajoute-t-il.

Charlotte précise que leur ambition est de faire vivre ce lieu sur le long terme, avec une économie solidaire et une rémunération correcte pour les artistes. « On mise sur trois ans pour se développer, avec un modèle qui respecte à la fois les propositions artistiques et le public ».  

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