D'Eric Guirado (Fr, 1h35) avec Nicolas Cazalé, Clotilde Hesme...
Le titre est-il vraiment un hommage à Pagnol ? Si c'est le cas, on hallucine un peu, car réduire le grand cinéaste marseillais à des vignettes pittoresques d'une Province des vrais gens revient à faire passer Jean-Pierre Pernaud pour un Jean Giono moderne. Ainsi, Le Fils de l'épicier a des relents de téléfilm pour France 3 Région : il en a l'esthétique (il faut le dire, le film est réalisé en dépit du bon sens...), le sujet (un petit gars d'la ville retourne faire l'épicier ambulant pour la boutique familiale dans la Drôme) et la même gentillesse traître. Dans le fond, Guirado ne vise pas plus loin que la chanson de Kent sur les néo-ruraux («Cherchons z'à la campagne / le vrai sens de la vie»), sans sa nécessaire distance ironique. En tout cas, un mystère nous taraude : quelle étrange ambition peut conduire un cinéaste dont on connaît les qualités à se satisfaire d'un film aussi étriqué ?
Christophe Chabert