Anvil !

Anvil !

Allégorie funeste sur le milieu de la musique, le documentaire de Sacha Gervasi se paie le luxe d'offrir un double portrait tout aussi hilarant que profondément touchant. François Cau

Impossible, en voyant Anvil, de ne pas penser à Spinal Tap, le légendaire faux docu de Rob Reiner sur des zicos opportunistes ayant touché le fond. Conscient de cette parenté, le réalisateur force d'ailleurs la comparaison à plus d'une occasion, dans sa construction dramatique notamment. À une notable différence près : les deux musiciens au cœur de ce long-métrage sont d'authentiques passionnés, qui n'ont jamais eu la place qui leur incombait dans leur discipline musicale, le heavy metal. Un microcosme bien particulier, au sein duquel Steve “Lips“ Kudlow et Robb Reiner (oui, l'ironie va jusque-là !) font figure de références incontournables. Tout démarre trente ans en arrière, par un concert mythique regroupant tous les futurs hérauts de cette galaxie rock, dont une formation canadienne démente ayant influencé bon nombre de groupes emblématiques, de Metallica à Slayer, en passant par Anthrax. Alors que leurs petits camarades percent à l'international en reprenant bon nombre de leurs gimmicks, les musiciens d'Anvil ne décolleront pas. Mauvais producteurs, mauvais managers, le sort s'acharne à les confiner dans l'anonymat, mais Steve et Robb n'ont jamais renoncé. À 50 ans passés, coincés dans des petits boulots alimentaires, ils s'apprêtent à entamer une foireuse tournée européenne et à enregistrer leur treizième album, en espérant que ce sera le bon...

Metal et tendresse

Dès les premières scènes captant les deux larrons dans leur morne quotidien, on craint le regard complaisant et moqueur sur ces hurluberlus accusant plusieurs trains de retard. Mais Sacha Gervasi, fan de la première heure, s'attache au contraire à dévoiler leur humanité bigger than life. Au bout du rouleau, abattus par trente années vainement passées à exercer leur passion dans des rades improbables, Steve et Robb tiennent le coup grâce à leur amitié indéfectible, et à l'engouement de leur public disparate, éclaté aux quatre coins du globe. Pétages de plomb, crises de nerfs, claquages de portes, réconciliations dans les larmes, le film ne nous épargne rien de la déconfiture amère frappant les musiciens d'Anvil, tout en soulignant avec une magnifique pudeur la solidarité et l'émulation à l'œuvre dans le milieu metal. Passée la surprise de l'immense chaleur humaine dans laquelle baigne ce style musical a priori rugueux, on est littéralement emportés par l'énergie du désespoir de ces vétérans chevelus, voire bouleversés par les moments de doute ne manquant pas de les assaillir. Qu'on se rassure : le film, outre de faire chavirer les cœurs les plus insensibles, leur a enfin apporté la renommée !

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