Entretien avec Gaspar Noé, réalisateur de "Enter the void"Propos recueillis par Christophe Chabert
Spectaculaire
«Quand je voyais les films de De Palma, ce que j'aimais le plus, c'était les visions zénithales. Il y a ça aussi dans "Europa" de Lars von Trier. Ou la fin de "Taxi driver". Dans la vie, on ne vole pas, mais on aimerait bien voir la réalité d'au-dessus. C'est peut-être ça qui rend le film spectaculaire. C'est peut-être aussi tous les plans larges où on ne sait pas si on regarde une vraie ville ou une maquette».
Un seul plan
«Dans les flashbacks, on sent beaucoup plus les coupes. Mais néanmoins, le but était de faire en sorte que les plans raccordent entre eux élégamment. Dans la mémoire ou dans les rêves, on a le sentiment que les plans s'enchaînent sans coupe, sans ce montage cinématographique qui existait jusqu'à l'apparition du numérique et de la haute définition».
Films-trip
«Il y a la possibilité de faire des trips chamaniques au cinéma, mais il y a peu de gens qui arrivent à les financer. Quand tu vois "2001", c'est vraiment un trip chamanique. Blueberry, Jan Kounen voulait en faire un trip chamanique, mais les financiers voulaient un western populaire et du coup, il y a eu un malentendu. Sinon, dans les films chamaniques, il y a Videodrome, L'Échelle de Jacob... Un film qui n'est pas un film hallucinogène mais qui te met dans un état de rêve, c'est Mulholland drive. Ce n'est ni un film de genre, ni un film surréaliste, mais ça ressemble à un trip sous Datura (une plante aux propriétés psychotropes, NdlR)».
Porno
«C'est probable que le prochain film soit un porno. C'est un projet auquel je pense depuis longtemps. Un vrai porno bandant, pas un film d'auteur français, un vrai film qui excite le public, dans la lignée de la littérature française des années 70. Histoire d'O, dès la première page, tu bandes ! J'adore un porno des années 70 qui s'appelle The Defiance of good. C'est le seul porno où, au niveau narratif, tu es vraiment pris par l'histoire.»