De Marc Forster (ÉU, 1h56) avec Brad Pitt, Mireille Enos...
Adapté d'un livre culte de Max Brooks — fils de Mel — World War Z est un peu le "Ground Zero" du blockbuster estival, une sorte de champ de ruines où tout se serait effondré, les fondations même du projet ayant été mal pensées. À aucun moment Marc Forster n'arrive à conserver un cap clair, et le film louvoie entre ennui et stupidité, scènes d'actions mal filmées et effroi aseptisé, aucune goutte de sang n'étant versée dans cette apocalypse zombie garantie tout public.
Aucun point de vue sur rien, à commencer par les zombies eux-mêmes, qui ne représentent plus rien sinon LA menace. Ni métaphore, ni cauchemar mondialisé, il s'agit juste d'une masse informe qui escalade des murs israéliens et s'incruste jusque dans un avion, tourisme ordinaire du film catastrophe. Le scénario est bourré d'incohérences et l'idée de départ — raconter le désastre du point de vue d'une famille américaine lambda — est vite abandonnée pour se concentrer sur les exploits d'un Brad Pitt héroïque et invincible, incapable de susciter l'inquiétude chez le spectateur.
Le dernier tiers achève de sombrer dans le ridicule, le film se piquant soudain d'humour noir et de terreur en huis clos avec des zombies désormais individualisés, claquant des dents et avançant au ralenti comme des malades de la grippe. Quant à l'épilogue, il laisse la voie libre à une suite potentielle ; espérons que les producteurs y proposeront autre chose que ce 28 jours plus tard dopé au gigantisme creux d'un Roland Emmerich.
Christophe Chabert