D'Anton Corbijn (ÉU-Ang-All, 2h02) avec Philip Seymour Hoffman, Rachel MacAdams, Willem Daffoe, Nina Hoss...
À Hambourg, dix ans après le 11 septembre, dont la ville fut une des bases terroristes, l'agent secret Günther Bachmann part sur les traces d'un immigré tchétchène dont on ne sait s'il est une victime des exactions russes dans son pays ou un potentiel danger pour la sécurité nationale. Pour Bachmann, à l'inverse de ses supérieurs et des Américains, c'est surtout un formidable appât pour faire tomber un créancier du terrorisme islamique...
Le scénario d'Un homme très recherché n'est pas, à l'inverse de la précédente adaptation de John Le Carré La Taupe, aussi complexe qu'il en a l'air. Du moins Anton Corbijn ne cherche pas à le rendre plus abscons qu'il n'est, adoptant une narration stricte et dépourvue de chausse-trappes ou de faux semblants. Pendant sa première heure, le film installe une atmosphère froide et séduisante, des personnages forts et se plaît à faire de Hambourg un acteur à part entière du récit — ce que le cinéaste réussissait déjà à faire avec la Toscane dans son précédent The American. Mais dans sa deuxième partie, la mise en scène et le récit s'embourbent conjointement dans la préparation du piège ; les personnages se figent eux aussi dans des postures sérieuses qu'ils n'avaient pas jusqu'ici.
Reste le cas Philip Seymour Hoffman : impossible de ne pas voir dans son rôle à l'écran les signes de son destin funeste. Solitaire, haletant, la peau blafarde et couperosée, le regard fatigué, puisant à l'intérieur de lui-même la foi pour affronter un monde qui visiblement n'a plus besoin de lui, il semble en permanence repousser une sortie inéluctable. Le dernier plan, en cela, est particulièrement beau et troublant — beau en soi, troublant relativement à la disparition de l'acteur.
Christophe Chabert