Interview / Yann Kersalé, concepteur de la mise en lumière de l'Opéra en 1992, investit de nouveau ce lieu pour une scénographie à l'intérieur du bâtiment
Propos recueillis par Dorotée Aznar
Quelle place occupe la mise en lumière de l'Opéra de Lyon dans votre carrière ?Yann Kersalé : Je n'ai pas d'enfant préféré. L'Opéra, c'est le résultat d'un pari entre Jean Nouvel et moi, une sculpture nocturne. Il ne s'agit pas d'une décoration mais d'un électrocardiogramme ; quand il y a un spectacle, la lumière respire, quand il y a une répétition, le rouge ondule et j'ai également laissé exister les lumières de veille pendant la nuit profonde. Je souhaitais démontrer que l'on peut produire un travail avec la lumière sans tomber dans la pâtisserie lumineuse pour monument historique. Quel est votre projet pour la fête des lumières ?J'ai conçu un cabaret du XXIe siècle pour les soirées du 11 et du 12 décembre. Le projet repose sur quatre entités : le goût, le son, l'image et la lumière. Il y aura des "plats de nuit" à déguster devant l'auditorium, une recherche sur le son, avec DJ et jazz. Seront également présents des chercheurs qui travaillent sur l'infiniment grand et l'infiniment petit, des écrivains, un spécialiste des végétaux qui poussent la nuit... L'éclairage que j'ai conçu, à partir des grands lustres, sera visible pendant la fête et préfigure un éclairage pérenne pour le bâtiment.À quoi ressemblera la nouvelle mise en lumière de l'Opéra ?Il manquait un réel travail sur la lumière à l'intérieur du bâtiment. J'ai joué sur l'idée de la décomposition de la lumière et les fluctuations, dans la continuité avec les matières utilisées à l'extérieur. Le noir laqué est comme l'étui d'un instrument de musique, j'ai réfléchi aux ambiances. Le résultat est coloré mais en adéquation avec les lumières déjà en place, notamment le rouge. Pendant la fête des lumières, le public pourra découvrir cette nouvelle scénographie, il est invité à pénétrer dans l'opéra, le hall sera ouvert et prendra un aspect de rue intérieure.
