Dix expos à ne pas manquer pour un mois de septembre haut en couleur

Sélection / La rentrée expositive lyonnaise réserve des retrouvailles avec des artistes ayant marqué le XXe siècle, des esthétiques étranges et captivantes, des clichés des monstres sacrés de la musique, des céramiques ludiques ou visionnaires et des sédimentations verbales, mais également la découverte de songes surréalistes et de tourbillons textiles.

Simon Hantaï dans les collections XXᵉ/XXIᵉ siècle

Impossible de se lasser des œuvres de Simon Hantaï. Chaque fois renouvelée, la magie apparaît sans médiation, de telle sorte que le déploiement de la matière picturale conçue et réalisée par pliage se manifeste au moment même de la découverte du tableau. L’acte scopique remonte ainsi à rebours vers l’instant de la création, suivant les parcours tortueux et incolores laissés par sa démarche méthodique – la toile froissée et peinte – donnant vie à son étoilement, telle la définition et poétique du philosophe Georges Didi-Huberman.

Simon Hantaï, Tabula, 1975 © Archives Simon Hantaï ADAGP, Paris, 2024

Au Musée des Beaux-Arts (Lyon 1er) jusqu’au 30 mars 2025 ; de 0 à 8 euros


L’herbier du futur par Blaise Adilon

Après l’exposition personnelle de 2021 dirigée par Thierry Raspail, la galerie Henri Chartier invite une nouvelle fois Blaise Adilon à se réapproprier son espace. Trois séries, L’herbier du futur, Mémoires troublées et Cérémonie(s), seront répartis sur deux sites, la galerie rue Comte et la résidence de l’artiste à Brindas. Non renfermées dans un discours homogénéisant, les trois étapes déploient une récapitulation ponctuelle de ses travaux récents, entre fragments floraux, parcelles d’images du passé et figures cultuelles. Une occasion à ne pas manquer pour approcher ces images prises dans un mouvement tressaillant.

Blaise Adilon, L'herbier du futur 18, 2024, Tirage jets d’encre sur papier photographique, 100x67 cm

À la galerie Henri Chartier (Lyon 2e) du 12 septembre au 19 octobre ; gratuit


Un œil sur la musique par Richard Bellia

Depuis quatre décennies, Richard Bellia est une présence constante des grands événements musicaux mondiaux. Immortalisant Run Dmc, The Cure, Nirvana, Public Enemy, Chuck Berry, The Smiths et des centaines d’autres artistes, le photographe sait capturer les instants mémorables : parmi eux, le dernier concert de The Clash au stade Panathenaic à Athènes. Après avoir fait le tour du monde (Tokyo, Los Angeles, Mexico City, Athènes, Londres), son exposition Un œil sur la musique fait étape au théâtre Comédie Odéon, proposant une sélection d’une trentaine de photos en noir et blanc. Un rendez-vous obligatoire pour les musicomanes nostalgiques et non.

Richard Bellia, Castle Donington 1987 Monsters of rock festival  © Richard Bellia

Au théâtre Comédie Odéon (Lyon 2e) du 3 septembre au 12 octobre ; gratuit


Les Coupoles par Frédéric Galliano

Pour sa deuxième exposition chez Valérie Eymeric, Frédéric Galliano a décidé de présenter un échantillon significatif de sa recherche consacrée aux "espaces baroques". Détourant des dessins à l’aquarelle et pastel gras pour ensuite les maroufler sur du bois, l’artiste grenoblois crée des sculptures planes,   "monades" solitaires et autosuffisantes flottant dans la grande salle de la rue Comte. Profondément philosophique, sa démarche artistique traverse l’histoire de la pensée et de l’art, à travers un mouvement sinueux, ondoyant, incarnant les lignes de force de la sculpture baroque et de la réflexion vitaliste.

Frédéric Galliano, Les Coupoles #11-C-D1, Bois, pastel gras et aquarelle, 60x60x3 cm 

À la galerie Valérie Eymeric (Lyon 2e) du 12 septembre au 19 octobre ; gratuit


Marché de niche par JJ Von Panure

Objets quotidiens, fragments de vies ordinaires, animaux, restes de nourriture, effigies grotesques de personnes déclinées sous toutes les formes et métiers possibles. L’univers composite du duo JJ Von Panure est peuplé d’un nombre phénoménal de petites fèves en faïence, dépourvues de leur rôle originel, celui d’établir une joyeuse et enfantine noblesse, et affichant une illusoire utilité. La galerie Tator s’apprête à accueillir ce monde grouillant de références pop ou surannées, provocant un choc de temporalités ainsi qu’un radical et vivifiant renversement carnavalesque.

© JJ Von Panure

À la galerie Tator (Lyon 7e) du 13 septembre au 31 octobre ; gratuit


Point de vue Marie Bourget

Disparue le jour de son 64ᵉ anniversaire en 2016, Marie Bourget a su être (une grande artiste) sans apparaître. Son art s’est imposé presque in absentia de son autrice, poussant à son extrême la démarche artistique propre au minimalisme. S’éclipsant derrière des installations et sculptures réduites à leur plus simple expression, l’artiste originaire de Bourgoin-Jallieu a tissé une histoire esthétique discrète et magnétique, aux oeuvres affublées de titres ironiques, questionnant la relation et le regard sur l’art contemporain et la société.

Marie Bourget, Les souffles. De l’air avec de l’eau, 1999, aquarelle sur papier, 30x45 cm © Jules Roeser

À la galerie Houg (Lyon 2e) du 12 septembre au 12 octobre ; gratuit


Je vois le vase en vous par Réjean Peytavin

Prenant possession de l’espace de la galerie de la rue Saint-Claude, l’artiste franco-suisse Réjean Peytavin développe un discours constitué de fragments signifiants, objets résonnants de temporalités et cultures lointaines. À travers des céramiques, estampes, dessins et vidéos, l’artiste active l’écoute, le dialogue et l’interprétation entre des céramistes des quatre coins du monde, permettant l’émergence de la vie des formes. Une vie accueillant aussi le monde intérieur des visiteurs et visiteuses qui pourront faire l’expérience d’une séance de « vasomancie », performance à la croisée de la voyance et de l’hypnose, voyage intérieur dévoilant les liens personnels avec la céramique, afin d’exhumer le vase qui repose en nous.

Réjean Peytavin, Sans titre, 2024, dessin au jus d'oxyde sur plaque de grès, 26 x 26 cm © Tanguy Beurdeley

À La Taille de mon âme (Lyon 1er) du 12 septembre au 7 novembre ; gratuit


Tourner sa langue par Laurence Cathala et Sofia Lautrec

Si pour Lacan « L’inconscient est structuré comme un langage », avec Tourner sa langue la BF15 propose un espace structuré par le langage, à travers une parole poétique et inaudible, comme chez Sofia Lautrec, ou vouée à la disparition par le biais de son exposition, comme dans le travail de Laurence Cathala. Les œuvres de Sofia Lautrec figent dans l’invisible un poème démérant inconnu et récité par un souffleur de verre au moment du façonnage de l’œuvre. Chez Laurence Cathala, la parole affiche son pouvoir littéraire et fictionnel, évoquant tant les « paperolles » de Proust, les feuillets utilisés par l’écrivain dans la rédaction de la Recherche, que le gribouillage, lieu de la disparation de toute désignation.

Sofia Lautrec, Un poème II, deux souffles en verre soufflé © DR

À la BF15 (Lyon 1er) du 12 septembre au 2 novembre ; gratuit


Évolution théorique par Veks Van Hillik

Les univers imaginés par Vaks Van Hillik se positionnent à la croisée entre rêve, cauchemar, réel et science-fiction. Esquivant le piège d’une juxtaposition simpliste, les images de l’artiste né dans un petit village du sud-ouest de la France, sont le lieu de la rencontre des impossibles. À l’encre, à l’acrylique ou à la bombe, ses œuvres recèlent le secret du surréalisme revu en clé pop, provoquées, paraphrasant le comte de Lautréamont, « par la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une peinture hollandaise et d’un poisson anthropomorphe ».

© Veks Van Hillik

À SpaceJunk (Lyon 1er) du 6 septembre au 2 novembre ; gratuit


Le terrain du vague par Sarah Krespin

À l’abri de l’incessant vacarme de la rue, la galerie Tatiss abrite jusqu’à la fin du mois les créations de Sarah Krespin. Ses œuvres textiles semblent avoir été arrachées à leur évolution pour s’exhiber figées pour un instant éternel. Le drapé tourmenté, ininterrompu, matérialise le « pli » deleuzien à travers ses correspondances et ses passages. Les formes, toujours différentes selon les installations, fusionnent vie et finitude, mouvement et stase, ouverture et obstruction, se délivrant de la mère utilité pour suggérer un désœuvrement actif aux infinies possibilités.

Sarah Krespin, Vague, 2024, Tissage cuivre, coton et aluminium, Crédit photo Sarah Krespin

À la galerie Tatiss (Lyon 2e) jusqu’au 28 septembre ; gratuit

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