de James Mangold (ÉU, 2h02) avec Russell Crowe, Christian Bale, Peter Fonda...
James Mangold est une anguille ; un modeste artisan se glissant dans tous les genres sans jamais chercher à y apposer sa patte. C'est ce côté caméléon qui a fini par rendre son cinéma attachant. Après le thriller horrifique (Identity) et le biopic musical (Walk the line), il s'attaque donc, toujours profil bas, au remake de 3h10 pour Yuma, western signé Delmer Daves qu'il ressuscite avec un casting renversant : Crowe, Bale, Fonda et l'étonnant Ben Foster dans un excellent second rôle de tueur sans merci... Un fermier (Bale), revenu éclopé du front, doit payer une dette à un puissant propriétaire pour conserver son domaine familial ; un bandit de grand chemin (Crowe) se fait connement arrêter lors d'une attaque de banque. L'un devra escorter l'autre pour espérer sauver sa famille de la faillite. Le charme de 3h10 pour Yuma tient curieusement à son caractère bancal. Mangold vise ouvertement l'héritage du western classique, avec ses codes, ses clichés et ses scènes à faire ; mais, conscient de l'empreinte d'Eastwood et de Peckinpah sur le genre, il voudrait aussi y ajouter une dimension mélancolique et crépusculaire en faisant tomber la barrière entre son «héros» et son «méchant», l'un n'étant plus très héroïque et l'autre pas vraiment antipathique. Les deux approches ne se rencontrent jamais, mais leur superposition parfois très voyante démontre une absence de cynisme totale de la part du cinéaste. 3h10 pour Yuma gagne même au fil du temps une dimension presque enfantine, comme si Mangold avait gardé l'envie de jouer aux cow-boys et aux indiens, au train électrique qui déraille et à la poursuite au milieu des chevaux avec des pistolets qui font «pling !». Comment ne pas aimer, en retour, une si candide démarche ?CC