Verticales
Il y a, d’abord, le personnage de Georg Christoph Lichtenberg, un mathématicien et philosophe allemand du XVIIIe siècle : bossu, hypocondriaque, asthmatique, mais aussi coureur de jupons invétéré et théoricien de la foudre, il constitue un matériau romanesque hors pair. Ensuite, il y a son œuvre, composée de plus de huit mille aphorismes (publiés chez Corti sous le titre Le Miroir de l’âme), que Pierre Senges nous fait découvrir au fil de son récit et qui brillent par leur intelligence et leur humour. Il y a enfin la formidable idée de Pierre Senges, qui transforme cette biographie critique en un gigantesque laboratoire narratif et fictionnel. En mettant en scène une brigade d’admirateurs de l’écrivain allemand, les «
Lichtenbergiens», qui cherchent à reconstituer le livre originel dont seraient issus ces fameux aphorismes, Pierre Senges lâche la bride à son imagination et à son inventivité. Chaque tentative de reconstitution mène le lecteur vers un nouveau genre littéraire : le roman picaresque, le récit d’aventure, la Commedia dell’arte, le conte… Animé par une langue flamboyante, un sens de la phrase et de la structure narrative remarquable, ce nouvel objet verbal non identifié de l’auteur, notamment, de La Réfutation majeure, est un livre hybride, déroutant, dont l’érudition, passée au crible d’un humour permanent, nous mène sur des territoires inexplorés. Une aventure sensible et intellectuelle particulièrement stimulante…
YN
