Expo / Nous espérions beaucoup de l'exposition Kendell Geers au Musée d'art contemporain, et la chute et la déception en sont d'autant plus rudes ! Le Sud-africain avait commis une œuvre marquante et explosive lors de la Biennale 2005, mais, comme ses collègues Melik Ohanian ou Kader Attia, il fait partie de ces artistes rapidement montés en épingle par les media («nostra culpa», nous y avons un brin participé) et par le milieu de l'art, pour mieux se casser la figure lors de leurs premières expositions personnelles. Du travail vite fait mal fait, et une créativité qui s'étiole au gré de l'obligation de remplir les vastes espaces des musées. Annoncée à grands renforts d'avertissements sulfureux et de promesses de frissons, la prestation de Kendell Geers s'avère concrètement une piètre juxtaposition d'œuvre potaches et univoques, empilant les velléités pseudo-provocatrices. À chaque œuvre son message binaire : des gros rouleaux de fil de fer barbelés posés ici et là pour dire que l'Apartheid c'est mal, des symboles religieux composés avec des matraques de CRS pour dire que police et religion même combat répressif, des photographies de villas surprotégées pour dire qu'on vit dans un monde parano ultra sécuritaire, des «Fuck» déclinés sous toutes les formes pour dire combien l'artiste emmerde ce monde inique et bourgeois... D'où la désagréable impression d'être pris en otage par Kendell Geers : car oui, nous aussi, nous sommes contre l'Apartheid, les injustices, la société de contrôle et les répressions fascisantes... Mais nous sommes aussi contre l'exposition d'œuvres indigentes tant sur le plan des idées que celui des effets plastiques. JED
Kendell Geers
Au Musée d'art contemporain jusqu'au 4 janvier.