Analyse / Pour Avatar, James Cameron a forgé des outils technologiques susceptibles de retranscrire sa vision de cet univers futuriste sorti entièrement de son esprit. La motion capture développée par Robert Zemeckis montrait quelques limites ? Qu'importe ! Cameron s'en saisit, et perfectionne le procédé en créant une «caméra virtuelle» : en fait, un logiciel qui enregistre les gestes et expressions des acteurs dans un immense caisson et les intègre immédiatement à une première version des décors, dans lesquels le cinéaste se déplace à travers une multitude d'angles et de mouvements. Il n'y a donc plus de caméra au sens propre du terme, mais la rencontre entre un environnement factice et une réalité organique totalement retravaillée. Depuis ses débuts chez Roger Corman, Cameron a lié son destin à l'évolution des effets visuels, provoquant les révolutions au lieu de les attendre. La scène de la colonne d'eau dans Abyss est la première véritable utilisation du morphing, et elle servira de matrice à la création du T1000 en azote liquide de Terminator 2 ; c'est l'acte de naissance des effets spéciaux générés par ordinateur, et le moment initial du basculement numérique qui occupe encore aujourd'hui tous les enjeux du cinéma contemporain. Avec Avatar, Cameron aimerait en écrire l'acte final... Il y a ainsi deux écoles chez les réalisateurs de blockbusters : d'un côté, l'école Spielberg, qui tente d'innover par le récit et l'efficacité, et dont Peter Jackson est aujourd'hui l'héritier le plus manifeste (ce que son très spielbergien Lovely bones confirmera en janvier) ; de l'autre, l'école Lucas, où le développement technologique et la création d'un imaginaire vont de pair. Cameron est le nouveau Lucas, avec ceci en plus : il est avant tout un cinéaste, et pas seulement un grand pourvoyeur de concepts.
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