De Rose Bosch (Fr, 1h55) avec Mélanie Laurent, Jean Reno, Gad Elmaleh...
Rose Bosch a choisi de raconter de tous les points de vue la rafle du Vel d'hiv', des familles juives déportées aux Justes qui les ont aidés en passant par Hitler lui-même. Tout cela finit par s'annuler, car la mise en scène ne se pose jamais les bonnes questions : du côté des victimes, elle jongle avec le pathos comme avec de la dynamite — exemple, ce travelling à la steadycam assez obscène où un enfant court à travers le camp pour retrouver ses parents, et tombe sur un convoi entouré d'officiers allemands. Quant aux Justes, Bosch les met tellement en avant qu'elle oublie qu'ils ne sont que des exceptions dans une population silencieuse qui a cautionné l'horreur — le film étant une superproduction, il s'obstine à donner au spectateur des personnages positifs auxquels s'identifier. Enfin, La Rafle dérange vraiment quand il représente Hitler et les dignitaires nazis en villégiature bucolique dans le Tyrol. Ces images maintes fois montrées d'un dictateur gentil avec les animaux et avec les enfants sont de la pure propagande. Bosch ne filme pas leur mise en scène, mais les reproduit en prenant la place du cameraman nazi, créditant ainsi un mensonge pour soutenir sa thèse — pendant que les Juifs souffrent, les nazis s'amusent. L'image peut être trompeuse, et son hors champ dit souvent la vérité ; mais dans ce film où tout doit toujours être dans le plan et par tous les moyens possibles, une telle leçon ne peut que tomber dans l'oreille d'un sourd.
CC