De Kim Chapiron (ÉU, 1h31) avec Adam Butcher, Shane Kippel...
Au sortir de l'expérience post-juvénile collective Sheitan, Kim Chapiron trouve rapidement le moyen de s'émanciper de la bande Kourtrajmé. Le producteur qui lui fait du gringue veut encore lui coller des ados dans les pattes, mais en taule, cette fois-ci. Le réalisateur part pendant un an recueillir des témoignages de gamins coincés dans des prisons pour mineurs, symbole méconnu par ici d'une Amérique répressive pas vraiment triomphante. Sur le même sujet, Chapiron revoit le saisissant Scum d'Alan Clarke, tourné dans l'Angleterre de la fin des années 70 – il en reprendra une séquence emblématique pour les besoins de son intrigue.
Bilan moral : en trente ans, le système de détention juvénile en est toujours au même point et, pour ceux qui se posaient encore la question, non, sa privatisation ne résout absolument rien. Bilan artistique : fort d'une approche concernée de son sujet, Chapiron parvient à faire oublier le manque d'originalité de son film, en particulier grâce à ses saisissants comédiens. En tête desquels on ne peut pas louper l'incroyable Adam Butcher, dont même le doublage français (bien loin d'être aussi réussi que le prétend son réalisateur) n'arrive pas à entamer le magnétisme puissant de la performance.
D'une maîtrise infiniment plus affirmée que les précédents essais de son réalisateur, Dog Pound en est pourtant le prolongement logique, du cinéma qui a compris comment canaliser sa colère du mieux possible. Attention, cela dit, à ne pas définitivement la remiser au placard.
François Cau