De Michael Winterbottom (ÉU, 1h49) avec Casey Affleck, Jessica Alba, Kate Hudson...
Au départ, un roman noirissime, sans doute le meilleur de Jim Thompson, "Le Démon dans ma peau", décrivant les agissements d'un shérif psychopathe dans le sud des États-Unis. Michael Winterbottom, cinéaste insaisissable et artistiquement schizophrène, a choisi d'adapter fidèlement le livre, prenant pour modèle évident certains polars des frères Coen. "The Killer inside me" est donc tenaillé entre un désir respectueux de retranscrire à l'écran la violence et la psyché torturée des personnages de Thompson et une certaine ironie vis-à-vis du genre, dont la mise en scène reproduit avec un fétichisme manifeste les plus grands clichés. Curieusement, la sauce prend et Winterbottom signe ici un de ses films les plus réussis, même si il doit grandement cette réussite à l'incroyable composition de Casey Affleck dans le rôle de Lou Ford, dont les facettes retracent sa brève mais déjà passionnante carrière. Ford est d'abord un petit shérif pâlot, encore un peu adolescent — le Affleck de Gerry — avant de se révéler cruel et impulsif — le masque qui tombe sous le coup de la frustration dans L'Assassinat de Jesse James. Son forfait accompli, Ford reprend comme si de rien n'était sa place sociale, affichant même une forme de cynisme goguenard face aux obstacles qui, peu à peu, le confondent. C'est alors le Affleck mature, distant et désabusé de "Gone, baby gone", ou plutôt son image en négatif, qui éclate à l'écran, laissant présager un bel avenir pour ce comédien passionnant.
CC