Qui trop embrasse, mal étreint, selon le proverbe ; c'est effectivement le cas ici, puisque Zach Braff tente de mener de front l'ensemble des micro-intrigues qui composent son récit
Garden State, premier film de Zach Braff, héros inoubliable de la série médicalo-comique Scrubs, avait enchanté à l'époque par son élégance pop, son parfait dosage entre humour et mélancolie et la stylisation de sa mise en scène — avec, en bonus, le charme inaltérable de Natalie Portman. En apparence, Le Rôle de ma vie tente de reprendre la même formule : un acteur raté doit pallier ses problèmes financiers, donner un second souffle à son couple, tenter d'éduquer ses enfants, renouer le lien avec son geek de frère et se préparer à la mort prochaine de son père, rongé par un cancer. Le tout avec une touche de comédie juive — source des meilleures vannes du film — et un poil d'ironie vis-à-vis de son propre métier.
Qui trop embrasse, mal étreint, selon le proverbe ; c'est effectivement le cas ici, puisque Zach Braff tente de mener de front l'ensemble des micro-intrigues qui composent son récit — on ne les a même pas toutes citées ici — sans en privilégier aucune, ne faisant du coup que les survoler, échouant à donner au film une échine dramatique forte. Plutôt qu'un long-métrage de cinéma, et malgré quelques audaces de réalisation — pas forcément concluantes, d'ailleurs, comme ce rêve récurrent où Braff s'imagine en super-héros défiant une sorte de Dark Vador de série B — on a plus le sentiment d'assister au pilote d'une série qui brosserait une chorale de personnages tragi-comiques, n'attendant que la suite de la saison pour leur donner l'épaisseur qu'ils méritent.
Dans un registre très similaire, le beau 40 ans mode d'emploi de Judd Apatow avait su donner de l'ampleur et du souffle à sa chronique, osant avec beaucoup plus de bonheur les ruptures de ton et l'autobiographie à peine déguisée.
Christophe Chabert
Le Rôle de ma vie
De et avec Zach Braff (ÉU, 1h47) avec Kate Hudson, Josh Gad, Mandy Patinkin...
Sortie le 13 août