De Susanne Bier (Dan, 1h53) avec Mikael Persbrandt, Trine Dyrholm...
Un jeune orphelin de mère entraîne le souffre-douleur de sa classe dans une spirale incontrôlable. Le père de ce dernier, médecin humanitaire, jongle entre une séparation douloureuse, un garagiste crétin qui le provoque et un chef de guerre qui terrorise son campement en Afrique. Susanne Bier, spécialiste danoise du mélodrame hardcore à thèse (Brothers, After the Wedding, Nos souvenirs brûlés), s'attaque ici à l'engrenage de la vengeance, dans un récit complexe et ambitieux, quitte à se tendre quelques pièges au passage – on peut renâcler sur le ton systématiquement plombant d'un film où tout le monde semble rivaliser de dépression, ou sur l'impasse (volontaire) de la sous-intrigue labellisée “choc des civilisations“. On ne peut nier, en revanche (AH AH AH), la puissance cinématographique incroyable que la réalisatrice insuffle à un scénario qui aurait pu se perdre dans son caractère programmatique. Ce souffle artistique transcende complètement le film, à travers sa réalisation, ses cadres et sa photo impeccables, ses acteurs incroyables. D'un scénario / dissertation très Dossier de l'écran dans l'esprit (La violence amène-t-elle la violence ? Vous avez deux heures), Bier a tiré un drame épique, qui préfère tout miser sur l'évolution psychologique de ses personnages plutôt que d'apporter des réponses préconçues aux débats abordés. Mais en même temps, ramener ces questions à hauteur d'hommes est en l'occurrence plutôt très bien vu.
François Cau