Expo / Alors que ni la photo ni la vidéo n'existaient, il reste pourtant de nombreuses traces des décors de théâtres des pièces présentées il y a un siècle au Grand Théâtre de Lyon (futur Opéra) et aux Célestins. Les Archives municipales montrent ces trésors au public. Nadja Pobel
«Il est douloureux de penser que rien ne reste des chefs d'œuvre destinés à vivre quelques soirs». C'est par ces mots de Théophile Gautier que s'ouvre l'exposition consacrée aux décors d'opéras et d'opérettes à Lyon au XIXe siècle. La question de la conservation de l'art vivant a donc toujours été une préoccupation du monde culturel. Mais si, aujourd'hui, notre ère numérique permet la création d'outils (comme le site d'archives Numéridanse lancé récemment par la Maison de la danse), les traces des siècles derniers sont essentiellement picturales et proviennent du fond Bardey, du nom de ce peintre décorateur du Théâtre Les Célestins qui a conservé ses esquisses, dessins préparatoires et maquettes en volumes (qui étaient créées pour une validation des projets par la Ville de Lyon et le directeur du théâtre). Il devait savoir tout peindre et dans tous les styles (Renaissance, orientalisant, néogothique, Arts nouveaux...) pour répondre à toutes les commandes.
Halte-là !
Et ces commandes sont nombreuses car, au XIXe siècle, Lyon comme d'autres grandes villes de France, dispose de deux lieux importants dédiés à l'art vivant : le Grand Théâtre (futur Opéra) et le Théâtre des Célestins. Le premier est censé accueillir des opéras, mais contourne la règle et propose des opérettes, plus rentables, et les Célestins doivent accueillir des opérettes et du théâtre en alternance mais prennent parfois les opéras qui ne trouvent plus de place au Grand Théâtre. Ces salles sont des lieux de vie où les pièces ne sont données qu'en langue française. Les spectateurs, réputés difficiles à Lyon, veulent être impressionnés : à chaque tableau des pièces correspond un nouveau décor peint et encollé sur un châssis de bois. Les peintres et les menuisiers sont alors des techniciens indispensables à la bonne tenue d'un spectacle. Et les policiers aussi ! Ainsi, on peut voir sur le plan de salle des Célestins, une loge réservée au commissaire de police censé faire régner l'ordre. Les représentations sont agitées, les spectateurs manifestent facilement leur colère. C'est pour cela aussi que l'article 2 du règlement de police, révisé chaque année, mentionne une «interdiction d'entrer dans le parterre avec canne, parapluie ou arme»!
Spectaculaire !
Aux Archives municipales de Lyon, jusqu'au samedi 2 juillet