Du jour au lendemain, une vieille dame quitte le domicile de toute une vie et pour entrer dans celui où elle est censée finir ses jours, un établissement médical qui ne dit pas son nom, un hospice. « Une place se libérait et une décision devait être prise en vingt-quatre heures » écrit l'auteur, lyonnaise d'adoption, Fabienne Swiatly. Elle vient de faire pénétrer son personnage dans une maison où « la mort n'est même pas un événement ».
De ce sujet peu réjouissant, et pourtant très populaire (le roi des ventes, David Foenkinos vient de signer un honnête Les Souvenirs sur exactement le même thème, et avec une identique fugue de grand-mère), Fabienne Swiatly parvient à faire un récit très juste. Elle ne déroule pas une grande fresque de la vie de ses protagonistes mais écrit par touche des instants de leur existence dans de courts chapitres qui ne laissent pas de place au pathos et n'éludent pas non plus les désagréments de la vieillesse. Non, vieillir ce n'est pas faire des gâteaux au chocolat pour une ribambelle de petits-enfants en culottes courtes ; vieillir c'est, selon Fabienne Swiatly, attendre (des visites, la mort), s'éloigner de l'agitation de la vie et être entouré d'un silence mortifère. « Vieillir est devenu une maladie » écrit-elle.
Mais au-delà de ce simple constat, Swialtly laisse apparaître en filigrane quelques aspects de la vie de ces deux femmes que tout sépare : la vieille dame est d'origine malienne et sa belle-fille, photographe a perdu toute sa famille dans la forêt de Visegrad, en Bosnie dans le conflit en ex-Yougoslavie au début des années 90. Entre elles, et par-delà un fils-mari absent et un petit-fils qui a autre chose à faire de ses vingt ans que traîner à l'hospice, se tisse un lien tout en retenue et non-dits, mais avec une profonde attention à l'autre, à ses manques et à ses attentes. Ces rencontres régulières entre elles deux font le terreau de ce livre touchant.
Nadja Pobel
Fabienne Swiatly, « Unité de vie » (La Fosse aux ours)
Rencontre avec l'auteur à la librairie Passages jeudi 29 septembre à 19h.
