Bande dessinée / «La naïveté est le visage de la vérité». Guy Delisle aurait voulu illustrer cette affirmation de Victor Hugo, il ne s'y serait pas pris autrement qu'avec ses chroniques en terres répressives. Le quatrième recueil, fraîchement paru chez Delcourt, ne dit pas autre chose. Réalisé à Jérusalem (après Shenzhen, Pongyang et Rangoon), il voit cet animateur de formation, devenu sans le vouloir un maître de la BD de reportage, faire ce qu'il fait de mieux : ne pas chercher à rivaliser avec les ténors de la géopolitique séquentielle, type Joe Sacco. Autrement dit partir de rien et privilégier la fluidité narrative, fort de son expérience cinématographique, plutôt que se murer dans une enquête de terrain approfondie et s'échiner à représenter au grain de sable près les étendues qui s'offrent à son regard. Bref, se laisser porter par les découvertes, les plus fortes (celle du mur de séparation) comme les plus triviales (sa rencontre avec la secte des Samaritains), et par les aléas de la vie de père expatrié, courtoisie d'une compagne affiliée à Médecins sans frontières. Au risque que le résultat, également outrageux et drolatique, éclipse le reste de sa pourtant très estimable bibliographie. Profitez de sa venue le 25 novembre à la librairie Expérience pour l'explorer. Benjamin Mialot
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