Lyon BD Festival / Déjà douze ans d'existence, et une influence sans cesse grandissante : le Lyon BD Festival initié par Mathieu Diez n'en finit plus d'aimanter le meilleur de la bande dessinée sous toutes ses formes, surtout celles qui innovent, vers notre ville. On en parle avec le directeur.
#Topo
L'idée de ce nouveau prix réunissant Lyon BD, Le Monde et Sofia, c'était de remettre à plat notre système : il n'avait pas évolué, ne correspondait plus au festival. On voulait un prix qui nous ressemble, ouvert aux nouveaux modes d'expression, aux nouveaux terrains explorés. On s'est associé au Monde, qui a beaucoup d'initiatives allant dans le même sens que nous, comme récemment le blog de Lisa Mandel. C'est un prix pour un projet protéïforme, qui vient œuvrer pour décloisonner la bande dessinée : il va être remis cette année à la revue Topo. Les nommés sont à ce titre tout aussi intéressants que le primé. C'était dur de trancher, mais Topo, c'est un gros coup de cœur et ça répond à un enjeu important pour la BD : les enfants en lisent, les ados aussi, les adultes peuvent l'assumer, mais au lycée ça reste un peu caché, ce n'est pas encore admis, et Topo répond à ce public-là.
#Allemagne
Ça découle de l'invitation qui m'a été faite d'œuvrer à la représentation de la bande dessinée française lors de la prochaine Foire du Livre de Francfort : c'est une opportunité pour nous de rencontrer des auteurs allemands. Nous aurons un joli panorama de la création allemande, dont cinq auteurs pour l'exposition Deutsche Comics. Nous nous intéressons aussi aux ateliers d'artistes, aux collectifs, ce qui nous permet de nous extraire des albums au sens classique.
En Allemagne, il y a toujours eu une culture BD : souvent, la nôtre. Astérix vend presque autant là-bas que chez nous. Parfois, certains lecteurs croient-même que c'est une bande dessinée allemande destinée à moquer les Français. Ralf Koenig est emblématique, il est implanté depuis longtemps, mais depuis dix ans il y a un vrai renouvellement avec Flix, Reinhard Kleist, Mawil, Birgit Weyhe, Thomas Von Kummant ou Isabel Kreitz. Leurs traits sont différents, mais leur sensibilité est proche : ils forment un tout que je trouve cohérent.
#Les Héros du Peuple sont Immortels
Oh, il y a beaucoup de choses très différentes qui se font dans ces reprises de personnages emblématiques de la bande dessinée. Mais il y a deux grandes typologies : ceux qui reprennent exactement dans le même style, comme Laurent Verron pour Boule et Bill, il était l'assistant de Jean Roba. C'est cadré et contraint.
Ce que je trouve très intéressant, ce sont les one shot, sur le modèle des comics américains, où le héros n'appartient pas à son créateur mais à l'imaginaire collectif, où d'autres auteurs s'en emparent. Comme les réinterprétations de Lucky Luke : celles de Bouzard et Matthieu Bonhomme sont géniales.
#Reportage
Ce n'est pas nouveau. Mais c'est très large, aussi ; et ça démontre la fonction de medium que peut avoir la bande dessinée. L'une des plus emblématiques est Lisa Mandel, encore, qui a travaillé sur la "jungle" de Calais ou la présidentielle dans le regard des enfants. Cette fonction de medium permet à la bande dessinée d'être diffusée sur de nouveaux formats et supports : ça ouvre un nouveau champ qui m'intéresse beaucoup. Comme Mathieu Sapin, qui avec Gérard a sorti l'un des meilleurs ouvrages de cette année... Plusieurs auteurs représentent cette tendance sur cette édition du festival.
#Nicolas Wild
Il y a quelques années, le SIRPA (service communication des armées) est venu nous voir pour un stand au festival. On leur a proposé plutôt une résidence de création. L'idée étant lancée, il a fallu trouver un auteur et on a pensé à Nicolas Wild que l'on ne connaissait pas encore personnellement. Il aime les trucs barrés, il est donc parti faire des entraînements de commando pour ce projet... Depuis, on s'entend super bien et c'est devenu un "bon client" du festival. Il a noté lui aussi que Lyon devenait une ville de BD, qu'il y avait une émulation : il est venu s'installer ici.
#Scott McCloud
C'est un très grand nom de la bande dessinée, avant tout par la reconnaissance de ses pairs : il en a beaucoup inspiré grâce à son livre L'Art invisible. L'exposition découle d'une rencontre avec le directeur du Musée de l'Imprimerie, Joseph Belletante, on a eu cette idée ensemble. L'Art invisible est le fil rouge, mais l'on montre aussi d'autres auteurs pour les exemples. Scott McCloud nous a donné les éléments mais ne s'est pas impliqué dans l'exposition, dont il est l'objet majeur : il va la découvrir pendant le festival. Elle montre ce qu'il y a derrière une bande dessinée.
Lyon BD Festival
À l'Hôtel de Ville et différents lieux les samedi 10 et dimanche 11 juin