La programmation du prochain festival Hallucinations collectives (au Comœdia du 4 au 9 avril) a été dévoilée : des Belges bizarres, un tueur en série autrichien, un cinéaste sud-africain visionnaire, un hommage à Philip K. Dick et une belle brochette d'inédits. Passionnant !Christophe Chabert
La première édition avait tenu toutes ses promesses : Hallucinations collectives prolongeait, avec un enthousiasme contagieux, l'expérience menée pendant trois ans par L'Étrange festival et revendiquait une identité singulière, où la défense des films «orphelins» (jolie formule désignant ces œuvres auxquelles les auteurs n'ont souvent jamais donné de suite !) et hors norme brisait les frontières étanches du bon goût cinéphile (cinéma de genre, cinéma d'auteur : peu importe !). La programmation de l'édition 2012 poursuit donc cet effort, et elle est déjà très excitante (il manque encore quelques titres, qui seront révélés dans les jours à venir).
Dick in my brain
Surprise : ce n'est pas un cinéaste mais un écrivain qui sera à l'honneur dans la première partie du festival. L'immense Philip K. Dick, référence majeure de la littérature de science-fiction avec des romans comme Ubik, Le maître du haut château ou Substance mort, sera donc célébré à travers une table ronde, une lecture, un concert de Richard Pinhas et, bien sûr, un film. Façon de rappeler qu'Hallucinations collectives n'est pas qu'une manifestation pour cinéphages, mais une vraie tentative pour mettre ce cinéma différent en perspective avec un plus vaste mouvement culturel. Ensuite, le cœur du festival sera composé de deux rétrospectives, l'une consacrée au cinéma belge différent, dont Fabrice Du Welz est aujourd'hui le digne héritier (Vases de noces de Thierry Zéno et Les Lèvres rouges de Harry Kümel sont les deux premiers films annoncés) ; l'autre permettra de réévaluer (en sa présence) un cinéaste sud-africain culte, Richard Stanley, auteur de deux films étranges et fascinants, Hardware et Dust devil. Au rayon «cabinet de curiosités», le festival proposera un pur chef-d'œuvre, à voir absolument sur grand écran : Schizophrenia de Gerald Kragl, film préféré de Gaspar Noé, itinéraire d'un tueur en série autrichien en temps réel, en voix-off et en mouvements de caméra spectaculaires et innovants. Autre curiosité, en effet, La Belle et la bête, pas la version Cocteau, mais celle de Juraj Herz, réalisateur tchèque du génial L'Incinérateur de cadavres. Enfin, pour les petits, un film récent (2004) mais devenu rare depuis sa sortie, Strings, le fil de la vie.
Internationale du cinéma gonflé
Le festival, c'est aussi (certains diront surtout, mais ils auront tort !) des avant-premières et une compétition, dont le jury accueillera entre autres l'excellent Nicolas Boukhrief. Ouverture dynamite avec The Raid, polar indonésien hard boiled à côté duquel John Woo fait du cinéma pour enfants. Au menu ensuite le nouveau Xavier Gens après le très raté Frontière(s) (The Divide), un thriller anglais qui fait beaucoup de buzz (Kill list), le dernier Kevin Smith, moins geek et plus enragé et engagé (Red state), un slasher movie avec des ados (Detention), un film de SF allemand (Hell), et un hommage au cinéaste japonais Hitoshi Matsumoto, dont le festival avait proposé l'an passé Symbol, et qui projettera cette année son premier et son dernier films. Une sorte d'internationale du cinéma qui n'a pas froid aux yeux, où l'audace figure une forme de résistance. Exactement ce qu'il nous faudra au début du mois d'avril !