Imaginez. Nous ne sommes pas en 2012, mais en 1974. Le Comoedia, votre cinéma fétiche, est encore loin d'avoir la taille et le standing qui sont les siens aujourd'hui (il vient d'ouvrir sa deuxième salle), mais déjà, sa réputation de havre du septième art n'est plus à faire. La preuve, il reçoit à la fin de la semaine François Truffaut. Vous voyez le topo ? Vous mesurez l'état d'excitation dans lequel se seraient trouvés les cinéphiles de l'époque ? Et bien dites-vous que celui des bédéphiles de ce siècle est à un niveau voisin depuis qu'ils savent que Lewis Trondheim passera promouvoir ses derniers travaux vendredi 6 avril à la librairie Expérience.
Car Lewis Trondheim, Laurent Chabosy de son vrai nom, est un peu le François Truffaut des cases et phylactères. Toutes proportions gardées, bien sûr, ne serait-ce parce que la bande dessinée n'est et ne sera jamais qu'un art mineur (tant mieux). Il n'empêche : comme le réalisateur des 400 coups fut le chef de file de la Nouvelle Vague, Trondheim a été, avec Joann Sfar, Dupuy et Berbérian ou encore David B., en première ligne de la Nouvelle bande dessinée, mouvement apparu ex nihilo au début des années 90 et qui, à l'instar de son ainé cinématographique, a balayé l'académisme thématique et visuel ambiant. Co-fondateur à l'époque du laboratoire éditorial L'Association et récipiendaire en 2006 du Grand Prix de la ville d'Angoulême, il a à son actif plus d'une centaine de publications et presque autant de bijoux de tendresse et d'absurdité. Punaise, mais comment va-t-on choisir l'œuvre la plus digne d'une dédicace ?
Benjamin Mialot