De et avec Franck Gastambide (Fr, 1h35) avec Medi Sadoun, Jib Pocthier...
Presque une bonne surprise que ces Kaïra, délocalisées d'internet au grand écran avec une vraie idée : faire le point, en version comique et parodique, sur le banlieue-film plus de quinze ans après La Haine, que Gastambide (acteur et réalisateur) utilise comme étalon revendiqué. Le trio de jeunes black-blanc-beur devient une improbable bande de gars sans âge, aux origines indéfinies et dont les différences sont plus physiques que sociales (l'un d'entre eux est un nain) ; leur ambition est toujours la même (sortir de leur quartier), mais elle n'est plus mue que par une pure pulsion sexuelle (baiser, faire un porno) ; et le temps, rigoureux chez Kassovitz, se transforme ici en une éternelle répétition disloquée où la journée commence au milieu de l'après-midi.
Pendant une heure, c'est assez drôle et gonflé, grâce à la qualité de l'écriture et à l'énergie des dialogues, mais aussi à des séquences vraiment fortes (la rencontre avec Elie Semoun, grinçante, l'entretien avec François Damiens, tordant). Dommage que le film succombe ensuite à la mode du scénario à l'Américaine, où tous les conflits doivent être résolus, tous les personnages doivent avoir un destin... Ni drôle, ni touchante, juste artificielle, cette fin rappelle d'ailleurs qu'il y a quinze ans, La Haine bouclait son troisième acte en cinq minutes chrono. C'est peut-être ça qui a le plus changé dans le banlieue-film français : l'audace !
Christophe Chabert