Entretien / Enfermés dans un appartement, Ben, sa femme, ses parents, son frère et son meilleur ami vont se livrer à un jeu de massacre sans merci dont personne ne sortira indemne. Conversation entre le réalisateur Olivier Casas et son actrice, Anne Marivin.
Quelles ont été les contraintes du huis clos ?
Olivier Casas : Au tournage, on se dit qu'il va falloir tenir 1h30 dans ce décor-là et une fois que j'aurai à peu près filmé tous les endroits du décor, je n'aurai aucune envie de faire les mêmes cadres. On a beaucoup travaillé en amont avec la déco et la lumière pour avoir l'endroit le plus riche possible en détails. Au niveau dramaturgique, c'est formidable car tout le monde va exploser à un moment dans cette cocotte minute. Au montage, on a fait des essais d'accélération pour aller plus vite dans l'efficacité. Mais un rythme organique impossible à modifier a pris le dessus. Ça ne pouvait pas aller plus lentement ou plus vite : il fallait entrer dans la gêne et la psychologie des personnages.
Comment avez-vous dosé la comédie et le drame ?
O.C : Dans le film, la comédie se place dans des moments où les personnages se prennent les pieds dans le tapis et ne savent plus quoi faire. Je n'avais pas envie qu'on sente l'écriture de leur réaction.
Comment les acteurs ont appréhendé les multiples changements d'émotions des personnages ?
Anne Marivin : Ce n'était pas facile car nous n'avons pas tourné dans la continuité. Il fallait travailler la veille pour se souvenir des intentions du personnage et ne pas être dans la répétition. On a fait beaucoup de prises, donc on avait le temps d'essayer plusieurs choses. Lors de cette soirée, quelque chose se brise chez Charlotte car elle sait qu'elle va partir. Attention, le personnage n'est pas lisse : elle a des choses à se reprocher aussi. Elle a beau avoir trompé Ben, dans la majorité des films, elle se serait excusée. Là, elle renverse la situation. En cela, le film est assez amoral.