De Philippe Falardeau (Canada, 1h35) avec Fellag, Sophie Nélisse...
Première scène : une institutrice se pend dans sa classe, et l'élève qui découvre le corps en sort meurtri. L'onde de choc se propage à toute l'école, jusqu'à ce que débarque un sauveur providentiel, Monsieur Lazhar (Fellag), qui va chercher à exorciser le trauma en imposant ses propres méthodes d'enseignement. Encore une bisounourserie venue du Québec ? Un Cercle des poètes disparus à la mode canadienne ? Oui et non. Falardeau est moins hypocrite que ses collègues et se coltine franchement la dimension mélodramatique de son histoire, qui brasse beaucoup de gros sujets : le principe de précaution appliqué à l'éducation, la parole sacralisée de l'enfant, l'immigration, le droit à la deuxième chance... Ambitieux, mais assez confus, le film s'avère parfois très douteux dans son côté "tout fout le camp, surtout l'autorité" ou "la pédagogie moderne, ça ne fait pas des élèves instruits". Le recours au sempiternel sentimentalisme québécois n'en est que plus gênant, chantage affectif et lacrymal là où l'on voudrait de la dialectique et de la mise en perspective d'un débat complexe présenté ici comme un fait accompli. Et pourtant, comme disait l'autre, «ça se discute».
Christophe Chabert