Retour aux sources pour la compagnie Lapsus. Certains de ses membres ont fait leurs gammes enfants à Ménival, école de cirque du 5e arrondissement de Lyon aujourd'hui labélisée Scène découverte par la Ville, la Région et la DRAC. Depuis ils ont tous fait du chemin et sont notamment passés pour la plupart par le Lido, école circassienne de Toulouse où ils ont décidé de se réunir pour créer Six pieds sur terre. Des pieds, il y en a en fait une douzaine au plateau. Ceux d'un monocycliste, d'un jongleur, de deux porteurs, d'un acrobate et d'une voltigeuse, Gwenaëlle Traonouez, seule fille parmi cette bande de garçons joueurs.
Autant d'interprètes dont les techniques, savamment maîtrisées, n'occultent jamais la créativité et la douceur d'un spectacle qui pourtant requiert une sacrée force physique. Preuve en est par exemple cette mégalopole qu'ils dessinent en un clin d'oeil avec des briques de bois. Les buildings, les ponts se dressent sous nos yeux... avant de s'écrouler dans le bruit inquiétant des hélicoptères et d'une guerre qui menace, la troupe n'étant pas perchée dans un univers totalement déconnecté du réel.
C'est cependant bien parce qu'elle le prend en compte qu'elle peut aussi se permettre de s'en éloigner à l'occasion, avec des numéros fragiles et captivants nappés d'une musique planante signée Marek Hunhap. Chez elle, un coffre aux trésors renferme des centaines de coquilles d'œuf, précieux butin qui une fois dispersé au sol pousse le monocycliste à déployer une concentration maximale pour ne pas le faire craquer. Funambule au sol, il finit pourtant par casser son jouet et broyer le tout dans un somptueux moment où tout finit en poussière et en paillettes mélangées.
Nadja Pobel
Six pieds sur terre
à l'Atrium de Tassin, samedi 15 décembre