Olivier Barrot est du genre insaisissable : animateur de la pastille Un livre, un jour sur France Télévisions, éphémère conseiller artistique du festival de Cannes avant qu'il ne laisse la place à Thierry Frémaux, il est aussi un cinéphile libre et sans affiliation à une chapelle critique. Le voilà qui publie un beau livre sur le cinéma français, Tout feu, tout flamme, une traversée du cinéma français, dans lequel se reflète cette volonté d'échapper aux histoires officielles pour privilégier une approche subjective. Invité à présenter son ouvrage à l'Institut Lumière, Olivier Barrot a choisi d'accompagner cette rencontre avec la projection de Tchao pantin de Claude Berri.
Un choix qui fait sens : Berri est mal aimé par la critique, même si (ou peut-être parce que) son cinéma était populaire et a su le rester, du moins pendant une grosse décennie. De fait, Tchao pantin est son meilleur film, un vrai vigilante movie à la française, d'un réalisme poisseux et d'un désespoir glaçant, mais aussi un témoignage sur le Paris de l'époque, des punks du Gibus aux maghrébins de la deuxième génération livrés à eux-mêmes suite à la crise économique. Le caractère crépusculaire du film résonne avec la fin d'un certain artisanat du cinéma français : c'est le dernier film d'Alexandre Trauner, génial chef décorateur des Enfants du Paradis, et la révélation (brève, il ne tournera que deux autres films ensuite) de la palette dramatique de Coluche, dans la lignée d'un Ventura ou d'un Gabin.
Christophe Chabert
Rencontre avec Olivier Barrot suivie de «Tchao Pantin»
À l'Institut Lumière, mercredi 12 décembre
«Tout feu, tout flamme» (Éditions Cahiers du cinéma)