Adepte du théâtre musical, dont il fait la ligne claire du Théâtre de la Croix-Rousse depuis son arrivée à sa tête en 2010, Jean Lacornerie réadapte et prolonge pour les fêtes de fin d'année Applause, créé précédemment à la Renaissance d'Oullins.
En piochant dans les comédies musicales américaines, il reprend à son compte leur discours de célébration des métiers du spectacle. Et notamment celui de comédien, à la vie beaucoup moins glamour et pailletée en coulisse que sur scène. Les metteurs en scène «intellos», les critiques et globalement l'hypocrisie du milieu, se font joyeusement dégommer par une équipe de chanteurs fidèles au metteur en scène, à l'image de Laurence Pelly, Sophie Lenoir ou Jacques Verzier.
Mais cet hommage, pourtant indubitablement tendre et sincère, aux gens de théâtre dits «bizarres» ne parvient pas à masquer une approximation de jeu, un manque de coordination au plateau et surtout le fait que l'ensemble se résume à un mille-feuilles, une succession de scènes sans cohérence évidente oscillant entre le grotesque assumé mais pénible (voir la reprise de Shakespeare avec souffleuse improvisée) et le tour de chant maîtrisé sous la houlette du pianiste Thierry Boulanger.
Heureusement que «The show must go on», comme le disent ces artistes interprétant des artistes qui, envers et contre tout, occupent un espace pauvrement scénographié - le spectacle, à l'image du plateau central, tourne en rond. Et vivement la création annoncée en novembre de Bells Are Ringing, qui promet une vraie narration autour de l'histoire d'une opératrice téléphonique new-yorkaise s'introduisant dans la vie des abonnés.
Nadja Pobel
Broadway Melody
Au théâtre e la Croix-Rousse jusqu'au dimanche 23 décembre