De Enzo d'Alo (Fr-Bel-It-Lux, 1h20) animation
Comment apporter un regard neuf sur Pinocchio après tant d'adaptations ? En passant après Disney, l'Italien Enzo d'Alo avait l'avantage. Il avait surtout pour lui de pouvoir corrompre, comme ceux l'ayant précédé, le conte de Collodi, fable furieusement moralisatrice visant en son temps à remettre les pulsions anarchistes de l'enfant dans le droit chemin. Moderne après les modernes, d'Alo reprend le matériau d'origine, les situations, les personnages, l'énergie incontrôlable de son héros distrait préférant s'amuser plutôt qu'étudier. Mais si la visée conservatrice est largement adoucie voire renversée - l'école y est montrée comme un enfer, le film peine toutefois à se trouver une voie sacrée de substitution. Malgré un style pictural irréprochable, peu de poésie ou d'étrangeté se dégage des images de cette relecture qui préfère les courses-poursuites, l'ivresse rythmique et le rap à la fable métaphysique sur le devenir humain des choses. De là à dire que l'époque est coupable...
Jérôme Dittmar